mercredi 27 juillet 2011

Philippe Dereux


Philippe Dereux est né le 14 juillet 1918 à Lyon. Il a enseigné dans un collège jusqu'à sa retraite en 1973.
Il se consacre d’abord à l’écriture et publie des textes dans la revue La Tour de Feu, puis un journal imaginaire L'enfer d'écrire aux éditions Henneuse de Lyon.
Il rencontre Jean Dubuffet à Vence en 1955 qui démythifie dans son esprit la littérature et l'initie au travail des matériaux grâce à un amical compagnonnage dans son atelier de L’Ubac.
Après avoir aidé Jean Dubuffet pendant plusieurs saisons, en collectant des papillons pour ses collages d'ailes (la matière première de celui-ci pour une série d'œuvres chatoyantes), il se lance, dès 1959, dans la réalisation d'œuvres abstraites et décoratives dans lesquelles il incorpore des épluchures de fruits, d'aubergines, d’écorces, de graines, de légumes secs ou de pommes de terre collées à la colle vinylique sur carton et colorés à la gouache ou à l'huile.
Il fait preuve d’une imagination sans cesse renouvelée dans des œuvres expressionnistes fortes de rêves et d’angoisses, d’humour aussi et de beauté.
Il poursuivra ses réalisations presque jusqu'à sa mort.
Parallèlement, il donne en permanence des explications sur son travail dans son journal des épluchures. Ce qu'une bonne ménagère jette à la poubelle, Philippe Dereux le conserve précieusement. Il s’en sert pour créer tout un petit monde narquois, un univers fantasmagorique peuplé d’êtres étranges, des personnages d'une sorte de guignol intime et savoureux. Dans sa cuisine, Philippe Dereux conçoit un monde à la ressemblance d'une réalité qu'il transpose non sans parfois une pointe d'amertume, un brin d'acidité. Ambiguïté fondamentale d'une œuvre qui n'a d'autres références que le quotidien de son auteur, constituant une sorte de journal intime de sa vie.
  D'ailleurs il a écrit un Traité des épluchures d'une lecture salvatrice, comme quoi la sagesse vient souvent de ceux qui savent rire d'eux-mêmes et plonger à vif dans ce que l'art, d'ordinaire, refuse. C'est là son caractère contemporain, on dira "moderne", il ne vise pas le beau tel qu'on le concevait jusqu'alors mais une certaine vérité. Faute de mieux on classe Philippe Dereux parmi les artistes de "l'art brut". 
 Il édite chez Julliard « Le petit traité des épluchures » en 1966, « XX ans d'épluchures » chez Pierre Chave en 1981, « Sagesse des épluchures » à L'œuf sauvage en 2001…
Philippe Dereux est décédé le 23 août 2001 à Villeurbanne.





"La ville de Lyon achètera un Dubuffet !". René Deroudille, pharmacien de son état mais aussi membre, en 1956, du comité d'achat du musée des Beaux-Arts, se battra contre vents, notables et marées pour que cette œuvre "révolutionnaire", « le Paysage Blond », entre dans ce musée de province. Le débat est vif, l'aventure qui mêle querelles de province et histoire de l'art nous est contée à travers la correspondance croisée entre René Deroudille, Jean Dubuffet et Philippe Dereux à cette époque, l'intermédiaire entre le critique d'art et l'artiste (et devenu "Général de Gaulle des épluchures").
 http://www.cecilederoudille.com/




Lecture musicale
PETIT TRAITÉ DES ÉPLUCHURES
Expériences et réflexions d’un colleur de peaux
de Philippe Dereux
Anne Calas, comédienne, et Alain Lafuente, percussionniste, proposent une lecture musicale du Petit traité des épluchures de Philippe Dereux, artiste proche de Jean Dubuffet, qui a voué sa vie aux épluchures avec un amour et un émerveillement quasi mystiques. Il livre par ce traité sa philosophie de la vie avec tendresse, humour et sensualité.
C’est cette passion peu banale qu’Anne Calas et Alain Lafuente font partager. L’écriture est belle, d’une poésie attachante et simple, de cette simplicité qui émane de son auteur.
Cette lecture met en scène un musicien percussionniste et une comédienne dont la voix dialogue avec la musique, véritable langage issu d’instruments conçus à partir de matières végétales (calebasses, graines, tambour de bois, bâton de pluie, lames de balafon..).
En puisant autant dans les aspects quotidiens et les détails techniques, que dans la poésie et la métaphysique que livrent ces textes, c’est la singularité de ce parcours artistique qui est mise en avant.
Philippe Dereux, extrait du Petit traité des épluchures
” J’arrive à un âge où, sauf imprévu, l’homme engagé sur le chemin de l’équilibre et la sagesse ne le quitte plus. Le vrai tournant de la vie, l’option définitive a lieu à quarante ans. Jusqu’à ce moment, le futur sage se contente d’accomplir son apprentissage, un long apprentissage. Le mien m’a conduit aux épluchures, je ne puis que m’en louer. L’homme a pour manie de se vouloir heureux et de se créer mille maux ou fatigues pour atteindre le bonheur. Il ne se doute pas lorsque celui-ci s’obtient, c’est toujours par surcroît et accident. Ainsi, les épluchures que je n’avais commencé à coller que tout à fait par hasard, sans but préconçu, «pour voir» comme disent les enfants, m’ont apporté la joie et la paix.”
Philippe Dereux, le 24 octobre 1994, Correspondance
” Hier matin, je suis parti pour Grenoble avec quelque appréhension car je craignais que mes textes ne passent pas la rampe, et votre entreprise me paraissait un défi à l’impossible. En fait, j’ai été ému, presque émerveillé. Grâce à votre talent, à celui de vos camarades, je me suis cru un temps, un bon écrivain, ce que, toute ma vie, depuis mon adolescence, j’ai rêvé d’être.


A visiter:

http://www.art-singulier.fr/cgi-bin/read.pl?TABLE=AS_ARTIST&INTAR=HEADER_DETAILS&END=FIN&TEMPLATE=D_ARTISTE&ID=319



A lire : « L’œuf sauvage » juin-juillet-août 1992 - n°4 sous la direction de Claude Roffat - « XXX ans d’épluchures »







Vingt Ans D’épluchures. Vence, Pierre Chave, 1983

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