vendredi 29 avril 2011

TAKATO YAMAMOTO

Le dessinateur Takato Yamamoto est né en 1960, dans la préfecture d'Akita au Japon. En 1983 il obtient son diplôme dans le département de peinture de l'université Tôkyô Zokei. Il expérimente ensuite le style ukiyo-e  de 1991 à 1993 pour finalement définir son propre style qu'il baptise "Heisei Estheticism". Il illustre alors de nombreux romans et nouvelles et dessine même des couvertures de magazines. Sa première exposition a lieu en 1998 à la gallerie Creation G8 à Ginza et s'intitule "Heisei Esthetics". Suivent plusieurs recueils publiés aux éditions Treville de 1998 à 2006 ainsi que des expositions dont une à l'étranger en 2005 à Rome à la galerie Mondo Bizzarro.
Il est membre de la Tôkyô Illustrators Society et de l'International Ukiyo-e Society.
 Son univers est fantastique dans tous les sens du terme, mariant Eros et Thanatos. Takato Yamamoto a su conjuguer noirceur et dessin japonais classique. Son style ukiyo-e très personnel, la beauté des jeunes filles, l'expression de leur visage et leurs cheveux si fins, l'aspect morbide des situations concourent à créer une atmosphère très spéciale. Son univers est clairement celui des pensées noires, teintées de SM, où des adolescents semblent s'abîmer dans de morbides rêveries, enveloppés par des démons et squelettes bien amicaux. Cette familiarité n'est pas étonnante si on interprète ces dessins comme une représentation du monde intèrieur des personnages... monde peuplé de ténèbres, mais apprivoisées, si on regarde la sérénité des garçons et filles au milieu de cet enfer.
Rien de trop sexuellement explicite chez cet artiste mais ses illustrations contiennent quand même une forte puissance érotique, surtout que les lycéennes ne semblent nullement effarouchées par les attentions que leur prodiguent les démons.








mercredi 27 avril 2011

ALFREDO VILCHIS ROQUE



Alfredo Vilchis Roque est né dans le quartier José Maria Pino Suarez de Mexico. Son père était un paysan de l'Etat de Mexico que la ville avait transformé en un ouvrier d'usine. Alfredo, après l'école primaire, a travaillé comme vendeur de journaux, ouvrier journalier, aide maçon, et toutes sortes de métiers lui permettant de subsister, comme le font la plupart des habitants de Mexico. Il y a vingt ans, il s'est retrouvé sans travail et a commencé à peindre des miniatures et à les vendre à ses voisins, aux touristes. Un beau jour, il trouva un ex-voto qui fit resurgir en lui un souvenir marquant de son enfance : les visites avec sa mère au sanctuaire de la Guadalupe et la vision fascinante de centaines d'images incroyables. C'est cette illumination soudaine qui le conduisit à dédier à la Vierge de la Guadalupe un premier retable pour le compte d'une famille ayant échappé à la mort dans un accident de circulation dans Mexico.

Il se considère comme un autodidacte, formé « à l'école de la vie », même s'il dit avoir été beaucoup influencé par Frida Kahlo, avoir souvent visité sa maison bleue de Coyoacán, avoir étudié les peintures de Frida et Diego Rivera, et même réalisé des copies de leurs tableaux pour les vendre.
Alfredo Vilchis est aussi un membre actif de sa communauté : il a organisé de nombreux ateliers et réalisé des peintures murales dans les rues avec les enfants, essentiellement pour les occuper, les protéger et éviter qu'ils ne tombent irrémédiablement dans la drogue, le banditisme ou la prostitution. II a, semble-t-il, créé des vocations : aujourd'hui, des jeunes viennent le consulter dans son nid d'aigle et tiennent compte de son avis.
Le geste, l'offrande, conserve une forte signification : Alfredo Vilchis a bien conscience de faire un métier spécial et c'est ce qu'il transmet à ses fils : « Je le leur répète sans cesse, être retablero (peintre de retables), ce n'est pas n'importe quoi, c'est un travail très beau mais très douloureux. Il faut le faire avec respect, ce n'est pas seulement pour l'argent, nous sommes les messagers des sentiments des gens. »
Les fils d'Alfredo, Hugo Alfredo, Daniel Alonso et Luis Angel, peignent maintenant eux aussi des ex-voto, si bien que la famille Vilchis a établi sans le savoir la même tradition que bien d'autres retableros.
Victoire et Hervé Di Rosa



Au cours des siècles, l'ex-voto a créé un langage spécifique, qui s'est cristallisé dans une double narration, écrite et figurative. Le texte, généralement au bas du retable, a une orthographe phonétique approximative mais une calligraphie très soignée, et indique presque toujours la date, le lieu, la faveur concédée et les circonstances du fait miraculeux, presque jamais le nom du peintre. Au-dessus, la représentation du fait divers, comme sur un petit écran en couleurs, met en scène la Terre et le Ciel, puis l'image de la divinité (parfois deux, trois ou quatre) dans la partie supérieure, plus ou moins proche, souvent séparée du monde des mortels par son nuage ou dans un rayon de lumière. On peut y voir, au cours du xxe siècle, les influences successives de la photo, du cinéma, des bandes dessinées sur la mise en scène et la construction des images.

  "Mon travail c’est de faire le lien entre, ça a l’air d’un mensonge, entre le terrestre et le divin… et c’est quelque chose qui me comble de satisfaction. Aider les gens, coopérer en quelque sorte en apportant mon petit grain de sable, leur donner la satisfaction de rendre grâce, de rendre la faveur reçue. Pour moi, c’est ça un ex-voto. Avant, on parlait beaucoup de la terre, des champs, de l’abus de pouvoir, des caciques, on parlait de tout ça dans les ex-voto, des maladies, des épidémies… et aujourd’hui dans l’actualité, des agressions, des vols, des assassinats, des amours clandestines…"  déclarait Alfredo Vilchis Roque dans Metropolis sur Arte en décembre 2004.


Le peintre réalise ses retables à la peinture à l'huile sur des plaques de métal (lamina). Le style est traditionnel avec des traits simplifiés et des couleurs vives. Les scénettes sont pleines de détails charmants: le chapeau suspendu de l'homme qui tombe, le noyé retenu par les cheveux, l'ivrogne tenant d'une main une rose et de l'autre la bouteille à laquelle il renonce, le paysan mordu par son cochon, le trapéziste tombant dans le vide, "el inferno" l'enseigne de la cantina  etc....
 Si les thèmes abordés sont contemporains, ils ne sont pas vraiment en accord avec les enseignements de l'Eglise.


 À lire
Alfredo Vilchis Roque, Pierre Schwartz
Rue des Miracles
Ex-voto mexicains contemporains
Édition du Seuil, 2003     



mardi 26 avril 2011

lundi 25 avril 2011

CHRIS OFILI


Chris Ofili est un artiste peintre Anglais et d'origine Nigériane, né en 1968 à Manchester. Cet héritage Africain apparaît d'ailleurs dans la plupart de ses oeuvres. Il est l'un des plus jeunes artistes Anglais.
 Il étudia l'Art à Londres à la "Chelsea Schoool of Art" de 1991 à 1993. Ofili établit sa notoriété grâce aux différentes expositions dans les galeries "Charles Saatchi" ainsi que les expositions "Sensation"(1997). Ofili a également eu plusieurs expositions Solos en 1990 à la très chic"Serpentine Gallery"
 Le 3 décembre 1998, le prestigieux prix Turner est décerné au jeune peintre Britannique qui s'est également rendu célèbre par sa peinture en utilisant les déjections d'éléphants comme matière de base incontournable.
Comme tous ses compatriotes 'Young British Artists', Chris Ofili fascine autant qu'il dérange les sociétés occidentales contemporaines. Il faut dire que ce lauréat du prestigieux prix Turner n'hésite pas à détourner les symboles religieux les plus forts. Formé à la Chelsea School of Art puis au Royal College of Art au début des années 1990, son travail attire vite l'oeil du très influent Charles Saatchi, qui l'expose à de nombreuses reprises dans sa galerie londonienne. Il multiplie alors les expositions et impose son style métissé qui, derrière une peinture au format classique, redessine les thèmes traditionnels à la lumière de références comme la blaxploitation, le rap et la peinture africaine, qu'il a étudiée au Zimbabwe. Détournant les figures religieuses et les convenances sociales, son univers bariolé aux matériaux divers invite à la rencontre entre le sacré et le profane, entre les croyances et la culture de masse. Un pari qui lui vaut d'ailleurs, en 1999, les foudres de Rudy Giuliani, alors maire de New York, qui lui intente un procès pour son oeuvre 'The Holy Virgin Mary', portrait de la Vierge Marie qui mélange peintures, déjections et collage d'images pornographiques. Très impliqué aujourd'hui dans le projet Freeness, Chris Ofili milite pour une plus grande diffusion des productions artistiques des minorités ethniques. Un engagement à l'image de son oeuvre, aussi radicale qu'ouverte à l'entrecroisement des cultures et à la retranscription sans fard des tensions sociales.








vendredi 22 avril 2011

ALBERTO MARTINI

Alberto Martini est né à Oderzo le 24 Novembre, 1876. Il était peintre, graveur, lithographe, illustrateur et graphiste (ex libris, cartes de visite...). Il a été formé au dessin et à la peinture par son père Giorgio, qui copiait les maîtres anciens et qui était professeur de dessin à l'Istituto Technico à Trévise. En 1897, alors qu'il n'avait que 21 ans, il expose pour la première fois à la Biennale de Venise avec le cycle de dessins "La corte dei Miracoli", inspiré par "Notre-Dame de Paris " de Victor Hugo. Au cours de 1898, il est resté à Munich et a eu l'occasion de travailler sur le Jugend magazines et Dekorative Kunst. Les critiques ont décrit son travail comme «élégant, épique, grotesque et macabre» et le considère comme l'un des précurseurs du surréalisme. Il a illustré de nombreux livres et fut très productif . Une grande partie de sa carrière s'est déroulée en illustrant des œuvres littéraires célèbres. En 1901, il a illustré une édition de "La Divina Commedia". A partir de Juillet 1905, il a produit 132 illustrations d'encre, pour les histoires d' Edgar Allan Poe sur lesquelles il travailla jusqu'à la fin 1909 et a inauguré une période de grande intensité créatrice dans le graphisme d'inspiration littéraire. Son travail a été clairement influencé par des artistes comme Albrecht Dürer , Urs Graf , Pieter Bruegel , Lucas Cranach , Albrecht Altdorfer , et Joseph Sattler dont il avait étudié le travail. La mort de son père en 1910, le ramena en Italie où il emménagea avec sa mère dans une maison de campagne près de Trévise. Là, il a continué à illustrer les grandes œuvres littéraires, telles que Shakespeare, "Hamlet" et des poèmes de Paul Verlaine . De 1915 à 1920, il a consacré son temps à la peinture, principalement aux pastels, dont le thème de la femme-papillon et a fait une série d'élégantes lithographies intitulée "Farfalle" (papillons) qui ont été de bons exemples de son proto-surréalisme. Au cours de la Première Guerre mondiale, il a conçu des séries de cartes postales appelées: "Danza Macabra Europea" qui seront distribuées aux alliés contre l'empire austro-hongrois. De 1912 à 1923 il a continué à illustrer les œuvres littéraires et a été chargé de peindre la marquise Luisa Casati , comtesse Revedin et Paola D'Ostheim et d'autres. Il a continué à avoir de nombreuses expositions à Londres, Liverpool, Bologne, Milan et à la Biennale de Venise. En 1923, il a écrit "Vita d'artista". Il avait des idées novatrices sur la scénographie et le théâtre qu'il a illustré et publié dans le livre "Il Tetiteatro" en 1923. L'année suivante, il rencontre et épouse l'artiste Maria Petringa qui sera une source d'inspiration pour plusieurs de ses œuvres. Il sera déçu et amer envers les critiques italiennes qui, dans la fin des années vingt, semblaient ignorer son travail. Il s'installe à Paris en 1928. De 1929 à 1934 il a produit un grand nombre de peintures, qu'il appela "peintures aux couleurs du ciel". Bien que son épouse soit restée en Italie, ils correspondaient et se voyaient régulièrement et il y retourna en 1934. Vers 1940, il publie un journal satirique, "Persée" avec des dessins et des caricatures. En 1946, il a obtenu un diplôme d'honneur du Musée des Beaux Arts de Nancy . Il fit une série de lithographies pour la vie de la Vierge et autres poèmes de Rainer Maria Rilke qu'il a terminé en 1952. Alberto Martini a continué à peindre jusqu'à la fin.
Alberto Martini est mort à Milan le 8 Novembre 1954.


Il ya 5 séries dans la "Macabra Europea Danza" set. Série I, II, III et V chacun 12 cartes et une série IV, 6 cartes, numérotées de 1 à 54. Tous délivré par Litografia Longo - Trévise.


N°14
La vengeance de sa belle-mère l'Autriche"
Cette caricature illustre les horribles austro-hongrois,  meurtriers assoiffés de sang. La bête immonde écrase une figure humaine, représentant l'Italie, dans sa gueule. Le corps brisé de sang décrit les provinces au sein de l'Empire austro-hongrois peuplées d'Italiens ethniques - Trentin, l'Istrie et de Dalmatie. Perché au sommet de la bête est un oiseau à deux têtes squelettiques symbolisant l'Empire austro-hongrois.
Le symbole impérial de l'Empire était la double tête d'aigle, et la créature de croupe c'est le visage de l'empereur d'Autriche Kaiser Franz Josef symbolisant le mal et la nature corrompue de l'Empire et son leadership.

N° 15
"Vous êtes devenus une oie, et vous un vieux singe"
Cette carte prend pour cible à la fois l'Empire austro-hongrois et Allemand . L'Autriche de l'empereur Franz Josef, avec la partie inférieure du corps d'un singe, assis sur un trône de crânes. Devant lui, un squelette diminutif représentant l'allemand Kaiser Wilhelm II. Il montre une Oie à deux têtes se moquant de l'aigle à deux têtes qui est le symbole austro-hongrois impérial. L'mportant du message dans cette caricature, c'est la structure du trône sur lequel siège Franz Josef, le bourreau gibet. Notez que sur la barre transversale est écrit le mot "Oberdan". Il s'agit d'une référence à Guglielmo Oberdan (1858-1882). Oberdan était un jeune étudiant idéaliste, qui comme beaucoup de ses compatriotes voue une haine profonde et une méfiance à l'Autriche en raison du maintien du contrôle de l'empire sur les régions de Trieste et Trente, qui ont été peuplées par des ethnies Italiennes. En 1882, les passions étaient si vives que le gouvernement italien envisageait alors une alliance avec l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne. A l'occasion d'une visite très médiatisée de l'empereur Franz Josef à Trieste en Octobre 1882, Oberdan, équipé d'explosifs, a décidé d'assassiner l'empereur. Arrêté à la frontière, les explosifs ont été découverts et Oberdan a été arrêté, jugé et déclaré coupable rapidement. De grands efforts ont été faits pour le sauver, et des pétitions pour demander la grâce ont été signées par des milliers de femmes. Victor Hugo, l'auteur français célèbre, en a appelé personnellement à l'empereur. Cependant, le long règne de l'Autriche sur ses divers empires ethniques n'avait pas été établi sur la clémence, et Oberdan a été rapidement pendu. La légende, développée en Italie, c'est qu'il a été condamné sur des preuves fabriquées, et que les bombes qui lui ont été attribuées ont été placées dans ses bagages par des agents autrichiens. Il est devenu immédiatement un héros populaire, et est entré dans le folklore irrédentiste.


 N°19
La victoire jaune
Cette carte dépeint la victoire du japonais pour la concession allemande de 200 kilomètres carrée sur la Péninsule Shantung de la Chine. C'était la colonie de Tsing Tao.
Le Japon est symbolisé comme une Mort squelettique, placé debout  sur une Allemagne extrêmement gonflée et beaucoup plus grande qui tient une épée cassée, des saignements à profusion et qui ne peut que répondre  "oui, oui."


Alberto Martini (poster “European Suicide,” partie de la série “Danse Macabre”, décrivant l'Europe comme un monstre se dévorant lui-même, tandis que d'autres nations attentivement regardent attentivement sa danse de la mort.
The procession of Venus (Corteo di Venere), 1949
Danza Macabra Europea, 1915.
Le Metamorfosi.Ex Libris for Dr. Airoldi. Etching, 1945.
illustration pour les contes et poèmes d'Edgar Allan Poe





mercredi 20 avril 2011

ALFRED KUBIN

Alfred Leopold Isidor Kubin, né à Litomerice le 10 avril 1877 et mort à Wernstein am Inn (district de Schärding) le 20 août 1959, est un écrivain, dessinateur, graveur et illustrateur de livres autrichiens. Il naît d'une mère pianiste et d'un père géomètre. Timide et de faible constitution, Kubin a du mal à se faire des amis parmi les enfants de son âge, les déménagements successifs de sa famille dus au travail du père ne lui rendant pas la vie plus facile, il passe de longs moments seul à dessiner.
En 1887, Kubin fait une première rencontre avec la mort : sa mère, malade de phtisie, meurt brutalement. La vision de son père, fou de chagrin, arpentant en tous sens la maison, le cadavre de sa mère entre les bras, le marqua à jamais. Dans Le Meilleur Médecin, Kubin représente la Mort comme une femme vêtue de noir, une médaille autour du cou. Son visage ne comporte aucun trait.
Son père, se remarie la même année avec la sœur de sa dernière épouse, qui mourut à son tour un an plus tard en donnant naissance à Rosalie, sa deuxième sœur. Son père devient hargneux et violent. Alfred se replie encore un peu plus sur lui-même. Ses dessins se font un peu plus morbides, terrifiants, incarnation de la haine qu'il porte au monde extérieur. Il est pris de visions fantastiques qu'il s'empresse de mettre en dessin.
 Suite à de nombreux échecs scolaires, son père décide en 1891 de l'envoyer à l’École des arts appliqués de Salzbourg, mais malgré un début plutôt prometteur, Kubin est renvoyé l'année suivante en raison de ses mauvais résultats. Le frère de la troisième femme de son père (Irene Kühnel, avec qui il s'est remarié l'année précédente), photographe, finit par l'accepter auprès de lui en tant qu'apprenti. Mais il se brouille avec tout le monde, passe des soirées à boire, néglige son travail ; en 1896, il part se suicider devant la tombe de sa mère. Mais sa tentative échoue et il est renvoyé de nouveau. Il décide alors de s'engager dans l'armée, mais il fait une crise après trois semaines et passe trois mois à l'hôpital militaire de Graz.

Durant l'année de 1899, Kubin entre à l'Académie de Bildenden Künste München, dans la classe de Nikolaos Gysis, mais il ne vient pas souvent en cours et est forcé d'abandonner ses études. Il découvre également les travaux de Max Klinger, notamment son cycle de gravures "Un gant", qui le marquent profondément et provoquent chez lui une sorte de «frénésie créative». Il réalise durant cette période de très nombreux dessins et commence peu à peu à se faire connaître, en grande partie grâce à Hans von Weber qui lui voue une grande admiration. En 1902, Kubin réalise sa première exposition à Berlin. Il rencontre l'année suivante Emma Myer, dont il tombe aussitôt amoureux, mais qui meurt presque immédiatement du typhus. Il se remarie deux ans après avec Hedwig Gründler, sœur de l’écrivain Oscar A. H. Schmitz et s'installe avec elle à Zwickledt.

En 1908, il écrit en espace d'un mois et demi "L'Autre Côté", qu'il publie l'année suivante. Hermann Hesse déclarera plus tard qu'il s'agit là d'un livre majeur ; il influencera Franz Kafka, H. P. Lovecraft, Jünger et les surréalistes.
Kubin entre à la Nouvelle Association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München) en 1910, qu'il quitte la même année pour fonder avec Vassily Kandinsky, Franz Marc et Gabriele Münter l'association du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter, d'après le nom d'un tableau de Franz Marc). Il rencontre également Paul Klee, avec qui il échange beaucoup jusqu'à l'arrivée de la Première Guerre mondiale. Jusqu'en 1914, la renommée de Kubin augmente rapidement, grâce à Paul Klee qui expose ses dessins au journal Simplicissimus.

En 1915, Kubin approfondit sa connaissance des travaux de Nietzsche et Schopenhauer. La découverte des doctrines des deux philosophes jouèrent un rôle déterminant sur son art. De 1920 à 1930, de nombreuses expositions lui sont consacrées, retraçant son travail depuis ses débuts. La venue de la guerre perturbe assez peu ses activités.
En 1948, son épouse, Hedwig Gründler, décède. Il meurt à son tour le 20 août 1959 dans son château de Zwickledt, situé à Wernstein am Inn d'une maladie de la vessie, après avoir fait don de l'ensemble de son œuvre à l'Autriche
Alfred Kubin est  un artiste a-typique; “campagnard”, il vivait reclus en ce début du 20ème siècle loin des villes, à Zwicledt (haute Autriche), dans une solitude volontaire. Sa retraite bucolique appaisait  l’inquiétude de son tempérament sans l’empêcher pour autant de fréquenter l’avant garde artistique de Vienne, Munich, Berlin et Paris où il fit deux voyages. Lors du dernier voyage, il rendit visite au vieil Odilon Redon qui fut ravi du respect que lui témoigna le dessinateur. Par la lecture, il conversait avec les  philosophes qui, disait-il,  nourrissaient ou calmaient son inquiétude. Il retrouvait sa noirceur dans le pessimisme de Schopenhauer, ou, plus tard, sa propre exaltation orgiaque chez  Nietzsche, tandis que l’effort exigé par  la rigueur froide et rationnelle de la pensée de Kant calmait la force de ses pulsions morbides.
 Les dessins de Kubin nous donnent à voir une humanité totalement soumise, dépassée par des forces obscures et oppressantes mises en scène au travers d'une symbolique récurrente du monstre et du difforme, l'artiste se faisant par là l'«organisateur de l'incertain, du tremblant, de la pénombre, de l'onirique»; ils lient sexe, pulsions de mort et renferment une certaine folie dont on ne se sent pas si éloignés nous-mêmes.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Kubin

A visiter: http://users.skynet.be/bk212103/kubin.html

Soul of a Child. 1905