mardi 3 avril 2012

Félicien Rops


Félicien Rops est né à Namur le 7 juillet 1833. C’est un artiste belge, peintre, aquafortiste, dessinateur, illustrateur et graveur.
Félicien Rops est le fils unique de l'industriel Nicolas-Joseph Rops et de Sophie Maubille.
En 1849, à la mort de son père  Félicien Rops  passe sous la tutelle de son oncle Alphonse, échevin à Namur. Il est renvoyé du Collège des jésuites où son goût de la caricature s’exerçait au détriment de ses professeurs et de ceux de l'Athénée de Namur.
En 1851, il est inscrit à l'Université libre de Bruxelles, pour une candidature en philosophie préparatoire au droit. Après une première carrière de caricaturiste au journal Le crocodile, Rops illustre notamment les livres de son ami Charles de Coster, dont la Légende et les aventures d'Uylenspiegel (1866).
 En 1852, Rops est fiancé à Charlotte Polet de Faveaux, fille d'un juge au tribunal de Namur.
En 1854, à sa majorité, il dispose de la fortune de son père.

 En 1856, il fonde avec Charles De Coster L'Uylenspigel, journal des ébats artistiques et littéraires. C'est à cette époque qu'il produit nombre de ses lithographies. Défenseur convaincu d'un art libre, il participe à la création de la Société Libre des Beaux-Arts dont il devient vice-président en 1868. Il y côtoiera Louis Artan, Théodore Baron, Constantin Meunier et participera à l'essor du Réalisme belge. Il accueille au château de Thozée, demeure familiale qui lui vient de son épouse Charlotte, nombre d'artistes. Baudelaire est de ceux-là.
En 1857, il épouse Charlotte Polet de Faveaux.
En 1858, nait son fils Paul et en 1859, sa fille Juliette.
En 1862, il séjourne à Paris. Rops est rapidement attiré par la capitale  où il passe plusieurs mois par an. Il se passionne pour la technique de l'eau-forte dont il deviendra un virtuose.
En 1865, sa fille Juliette décède.
 Féru de botanique, il s'y adonne en compagnie de l'éditeur français Auguste Poulet- Malassis, exilé à Bruxelles de septembre 1863 à mai 1871. Pour celui-ci, il réalise les frontispices des Bas-fonds de la société d'Henry Monnier (1864), du Diable au corps d'Andrea de Nerciat (1865), des Épaves de Charles Baudelaire (1866), des Jeunes France de Théophile Gautier (1866), de Gamiani d'Alfred de Musset (1866) ou encore de Point de lendemain de Vivant Denon (1867).
La bataille des sexes dans des temps préhistoriques
Rops est aussi membre de la Société des Agathopèdes et membre fondateur à Bruxelles de la  Société internationale des Aquafortistes en 1969.
Ami de l'archéologue Maurice Hagemans, il voyage avec lui en Suède et en Norvège en 1874. Il dessine ou peint également sur les bords de la Meuse, du Danube, à Barbizon, à Monte-Carlo, en Espagne ou en Algérie.
Son succès l'ayant amené à Paris, il y illustre les œuvres de Jules Barbey d’Aurevilly, de Joséphin Péladan, de Félicien Champsaur, de Stéphane Mallarmé ou de Paul Verlaine. En dépit de ces collaborations, le caractère érotique  d'une partie de son œuvre obère sa reconnaissance publique.
Ses œuvres, envoyées dans les salons font toujours de retentissants scandales. Félicien Rops, le satanique !
Son iconographie le rapproche des Symbolistes, ses sujets sont souvent repris de la littérature.
Il fut remarqué avant 1870 par Baudelaire qui écrira :
"Ce tant folâtre Monsieur Rops
Qui n'est pas un grand prix de Rome
Mais dont le talent est grand comme
La pyramide de Chéops".






Diaboli virtus in lombis 1888




Il est connu pour ses dessins anticléricaux ou luxurieux.
Huysmans affirma que Rops "a célébré ce spiritualisme de la Luxure qu'est le Satanisme, peint, en d'imperfectibles pages, le surnaturel de la perversité, l'au-delà du Mal".
Péladan l'adulera ; il voit dans ses œuvres : "le poème de la possession de la femme par le Diable, où Rops s'élève jusqu'à Dürer, en étant plus Rops que jamais".
On croyait beaucoup au Diable à l'époque !
Il était libertin, polygame, athée mais il connaissait le vocabulaire de la religion et de la mythologie ; il crée une mythologie du péché. Son type de femme fatale, il le trouve dans les rues, les maisons closes.
On trouve dans ses dessins des femmes bien sûr mais aussi des sphinx, serpents, croix, masques, têtes coupées, anges, squelettes...
 Divorcé en 1875, il vit dès lors avec les sœurs Léontine et Aurélie Duluc, créatrices d'une maison de couture, qui sont ses maîtresses depuis 1869. En 1870, Léontine donnera naissance à une fille, Claire. Il entretient par ailleurs de nombreuses liaisons amoureuses. Rops effectue de nombreux séjours à la côte belge et dans les Ardennes.
En 1879, il voyage en Hongrie, en1880 en Espagne.

La buveuse d'absinthe

Entre 1885 et 1887 ce sont des  voyages aux Etats-Unis et au Canada pour établir un réseau d'exportation des créations de d'Aurélié et Léontine Duluc.
Félicien Rops est avant tout un dessinateur ; il utilise à sa façon différentes techniques toutes ensembles, les crayons (dont de couleurs), le pastel, la détrempe, la gomme ; les dessins les plus prestigieux sont : L'Attrapade, Le Bouge à Matelots, La Tentation de Saint-Antoine, La Dame au cochon- Pornokrates (1879).
Félicien Rops écrit à propos de cette œuvre : « Ma Pornocratie est faite. Ce dessin me ravit. Je voudrais te faire voir cette belle fille nue chaussée, gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un cochon à « queue d'or » à travers un ciel bleu. Trois amours - les amours anciens - disparaissent en pleurant (...) J'ai fait cela en quatre jours dans un salon de satin bleu, dans un appartement surchauffé, plein d'odeurs, où l'opopanax et le cyclamen me donnaient une petite fièvre salutaire à la production et même à la reproduction. » (Lettre de Félicien Rops à H. Liesse, 1879.)
Le sacrifice 1882

Quelques commentaires parmi d'autres suivent l'exposition de l'œuvre : « Certains voient en ce cochon à la queue dorée l'image de la luxure et du lucre pilotant la femme, qui n'a pour seule excuse que son aveuglement; d'autres y perçoivent l'image de l'homme, bestial et stupide, mené en laisse par la femme. Cette image du cochon, comme celle du pantin ou du pierrot, est partagée par bien des contemporains de Rops.»
« Avec Pornokrates, nous assistons à l'avènement en art d'une femme contemporaine, arrogante, parée, impitoyable que glorifie Rops.»
Félicien Rops est également un graveur de talent utilisant les techniques telles que la gravure à plat, la  lithographie, la gravure en creux (l'eau-forte), la pointe sèche (l'aquatinte), la gravure de reproduction (l'héliogravure). Parmi ses gravures les plus connues figurent La Peine de mort, L'ordre règne à Varsovie, La Médaille de Waterloo, La Buveuse d'absinthe, La Grève, Pornokrates ou Mors syphilitica.



Le rideau cramoisi


Rops définit ainsi sa démarche artistique, en maître de la Femme et du Désir : « Je tâche tout bêtement et tout simplement de rendre ce que je sens avec mes nerfs et ce que je vois avec mes yeux, c'est là toute ma théorie artistique. J'ai encore un autre entêtement, c'est celui de vouloir peindre des scènes et des types de ce XIXe siècle, que je trouve très curieux et très intéressant; les femmes y sont aussi belles qu'à n'importe quelle époque, et les hommes sont toujours les mêmes. De plus, l'amour des jouissances brutales, les préoccupations d'argent, les intérêts mesquins, ont collé sur la plupart des faces de nos contemporains un masque sinistre où l'instinct de la perversité, dont parle Edgar Poe, se lit en lettres majuscules ; tout cela me semble assez amusant et assez caractérisé pour que les artistes de bonne volonté tâchent de rendre la physionomie de leur temps.».




 
En mars 1885, Rops, au même titre qu'Anna Boch, est admis comme membre du Groupe des XX en remplacement de Frans Simons et de Théodore Verstraete, tous deux démissionnaires. Rops avait participé au premier salon annuel des XX en 1884 en tant qu'artiste invité où il avait présenté sa Tentation de Saint-Antoine.
En 1888, il fait la connaissance à Paris d'Armand Rassenfosse et en 1892 celui-ci le  présente à Auguste Donnay.
Sa  vue commence à baisser en 1892 mais il reste actif jusqu'à son décès. Sa correspondance avec ses amis est d'une érudition et d'une verve étincelante.
En juillet 1893, Rops séjourne à Liège et rend visite à son ami Armand Rassenfosse, à qui il remet son testament et qu'il désigne comme co-exécutaire testamentaire.


Un musée lui est dédié à Namur, sa ville natale. On peut également visiter à Mettet, le château où il vécut avec Charlotte Polet de Faveaux.

La tentation de St Antoine 1878


Une notice importante lui est consacrée dans le Piron, le dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et  XXe siècles.
Pleine de verve et d'humour, empreinte de sensibilité, l'abondante correspondance de Rops (entre 4000 et 5000 lettres dont un grand nombre de lettres illustrées), s'inscrit parmi les plus originales du XIXe siècle. La qualité d'écriture également donne à sa correspondance le statut d'œuvre à part entière.
Cette correspondance est conservée en grande partie à la Bibliothèque royale de Belgique, au Cabinet des Manuscrits. Le musée provincial Félicien Rops à Namur a entrepris le projet de la publier intégralement de façon chronologique.
 Les huiles de Félicien Rops sont pour la plupart à rattacher au Réalisme, qui dépeint la nature non plus selon les canons du Classicisme, mais avec la lumière et les couleurs telles qu'elles sont. Ses paysages sont exquis et sereins.




Mais c'est dans ses estampes, d'abord des lithographies, puis une multitude d'eaux-fortes, comme dans ses dessins, que s'épanouira le plein talent de Rops. Il crée la "ropsienne", cette "nudité ornée de notre époque" (lettre à son gendre, Eugène Demolder). 'Une femme puissante, souple, langoureuse… Beauté fatale qui lui sert à démasquer l'hypocrisie de la société bourgeoise à travers les mœurs du temps ou simplement à traduire le trouble du désir. Dès 1874, le diable se décide à la rejoindre. Elégant, dandy, complice ou même inspirateur, il lui arrive de prendre les traits de Rops' (comme Ensor le fera lui-même pour le Christ !). De nos jours encore, la force évocatrice et l'audace troublante de ces eaux-fortes érotiques nous ébahissent ; elles nous "parlent" parce qu'elles touchent au plus secret de nos activités fantasmatiques. Je pense que Rops a aimé la femme, même si comme chez les Symbolistes, sa relation est parfois duale, trouble : putain et féconde, et surtout symbole à la fois d'Eros et de Thanatos.

 Réalisme, donc pré-Impressionnisme dans ses huiles surtout. Son œuvre gravé participe en les outrepassant souvent aux audaces, notamment littéraires, du temps. Il a illustré Peladan, "pape" du Symbolisme.
Il est mort à Essonnes (aujourd'hui Corbeil-Essonnes), le 23 août 1898.










Messe Noir


               http://users.skynet.be/bk212103/rops.html





6 commentaires:

  1. Ç'est aussi mon avis ! Merci pour votre promenade ici.

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    1. Bonjour et bravo !
      Je cherche en vain le titre du tableau ci-dessus présentant une femme nue rousse de dos avec le moine en position de crucifixion. Je n’ai vu nulle part ailleurs une reproduction de cette œuvre (ma préférée de Rops). Où peut-on voir l’original ?
      Merci beaucoup de votre aide,
      Philippe

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  2. Bonjour Mr Courtois. Suite à votre commentaire, en faisant des recherches pour vous répondre,
    je me suis aperçue que cette image n'est pas de Félicien Rops mais de Martin Van Maële.
    Voir site pour d'autres images :
    http://honesterotica.com/portfolios/569?fbclid=IwAR0WV_W972oHc4yHehdxB06vFRgdXos2gcoXOJwhfyjct0aEU7jvS8nhEr4
    Je vous remercie beaucoup de votre demande qui me permet de rectifier cette erreur !
    Bonne continuation

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    1. Donc mon œuvre préférée de Rops est de Van Maële...
      C’était à s’y méprendre, si typiquement ropsien !
      Merci beaucoup pour vos fructueuses recherches !
      Philippe

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  3. Merci à vous ! C'est effectivement à s'y méprendre et c'est également une découverte pour moi ! Je vous souhaite une bonne année 2019

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