samedi 14 mai 2011

VALENTINE HUGO



Valentine Hugo, née Valentine Marie Augustine Gross, est une peintre française, née à Capécure, près de Boulogne-sur-Mer, le 16 mars 1887 et morte à Paris en 1968.
De 1907 à 1910, Valentine Gross étudie aux Beaux-Arts à Paris et plus tard, après 1920, fréquente le groupe des Six dont notamment Georges Auric et, également, les écrivains Jean Cocteau et Raymond Radiguet avec qui elle passe des vacances en 1921 et 1923 au Piquey, près d'Arcachon. En 1913, elle note et dessine, d'après Vaslav Nijinski, les costumes et la chorégraphie du Sacre du printemps. En 1919, elle épouse le peintre Jean Hugo et collabore avec lui pour les costumes des spectacles de Jean Cocteau "Les Mariés de la Tour Eiffel" (1921) et "Roméo et Juliette" (1924). Elle s'en sépare quelques années plus tard après sa rencontre avec les surréalistes vers 1926. Elle étudie alors la gravure. En 1929, elle a une liaison avec Paul Éluard que Gala vient de quitter, puis, en 1930, avec André Breton. Jusqu’en 1937, elle peint le portrait de plusieurs surréalistes et illustre les œuvres de René Char, René Crevel, Éluard, mais également Lautréamont et surtout la réédition des "Contes bizarres" d’Achim von Arnim dont Breton écrit la préface. Elle participe au Salon des Surindépendants, à Paris (1933) et à l’exposition Fantastic art, Dada, Surrealism au Museum of Modern Art de New York (1936). Affectée par le suicide de René Crevel (1935) et par les départs de Char, Tristan Tzara et Paul Éluard, Valentine Hugo quitte le groupe à son tour et se détourne du surréalisme. En 1942, elle retrouve Paul Éluard pour La Conquête du monde par l'image. Elle termine sa vie seule et dans la gêne. En 1977, le Centre culturel de Champagne, à Troyes (Aube), lui consacre la première rétrospective monographique jamais organisée en France. (source Wilkipédia)




Extrait de « Les femmes dans le mouvement surréaliste » de Whitney Chadwick aux éditions « Chêne » 1985
… Les relations entre les surréalistes et le cercle mondain rassemblé autour de Cocteau allaient devenir de plus en plus tendues à la fin des années vingt. Quand Valentine Hugo, l’une des meilleures amies de Cocteau et « la seule femme dont la beauté et l’amabilité lui avaient fait regretter son homosexualité », devint la compagne de Paul Eluard, après le naufrage de son mariage avec Gala en 1929, la querelle repartit de plus belle. Une année plus tard, Breton et Valentine Hugo devenaient amants.  … Valentine Hugo fut la première femme à entrer dans l’orbite surréaliste avec une réputation d’artiste déjà établie. Elle avait été la femme de Jean Hugo, le petit-fils de Victor Hugo, jusqu’en 1929. Elle avait travaillé avec lui à la réalisation de décors et de costumes pour des spectacles de ballet dans les années vingt, et en particulier pour « Les mariés de la Tour Eiffel » de Cocteau en 1921. L’année suivante, elle avait illustré de vingt-cinq gravures sur bois une édition de « Roméo et Juliette ». Elle avait aussi fait, en lithographie, des portraits d’Erik Satie, de Picasso, de Valéry, de Misia Sert, de Georges Auric et de l’actrice Falconetti, qui avait joué dans le film de Carl Dreyer, « La Passion de Jeanne d’Arc », auquel Valentine Hugo avait également collaboré. Valentine Hugo était très connue dans les cercles littéraires parisiens, avant de rencontrer les surréalistes. « Elle était fascinante, se rappelle Lise Deharme, ni belle, ni jeune (elle avait trente-trois ans lorsqu’elle rencontra Breton), mais avec une sorte de charme très particulier. » Elle s’habillait de foulards et de mousseline flottante ; elle avait un port saisissant et un long cou mince dont elle était très fière. Elle possédait une collection unique de manuscrits dont beaucoup d’auteurs surréalistes, qu’elle gardait dans un secrétaire ayant jadis appartenu à Victor Hugo. André Thirion se souvient d’elle comme d’un être « adorable, intelligent… d’une douceur inépuisable ». 



… Plus tard, vers la fin de sa vie, Valentine Hugo se rappelait la souffrance et le désespoir qui suivirent sa séparation d’avec Jean Hugo et leur collaboration artistique qui l’avait tant aidée dans son travail pendant les années vingt. « Paul Eluard et André Breton, que j’ai admiré dans leurs œuvres depuis toujours et pour toujours, m’ont sauvée du désespoir dès 1930, époque la plus sombre de ma vie… Grâce à eux, je me suis remise au travail ; leur affection, leur admiration et leurs encouragements m’ont redonné confiance en moi. » Eluard lui dédia « L’heure exacte » et écrivit le texte. « Un droit de regard enfin sur le poème », comme préface à l’édition des « Poètes de sept ans » qu’elle illustra en 1939. Elle réalisa « Les Constellations » (1932/1948) en hommage aux quatre poètes (Breton, Eluard, Tzara, Crevel) qu’elle considérait comme les étoiles les plus brillantes du ciel littéraire des années 1920/1930.



Valentine Hugo alla jusqu’au bout de son mythe personnel de l’amour. Passionnément amoureuse de Breton au début des années trente, elle copia son goût pour certains objets, et parsema ses œuvres de ces années-là de références hermétiques au poète. Elle illustra une réédition des « Contes bizarres » d’Achim von Arnim, publiée en 1933 avec une introduction de Breton, et y inclut plusieurs images déguisées de leurs relations intimes. Dans le dessin qu’elle fit pour la couverture, elle fait apparaître André Breton dans le ciel, tel un archange, pointant une épée flamboyante vers la bouche d’une femme en extase (certainement une représentation d’elle-même), qui se pâme sur un lit. Le charme et la grâce de Valentine Hugo, son amour non dissimulé pour Breton ne furent cependant pas suffisants pour que celui-ci voie en elle la femme surréaliste idéale dont l’image alimentait son imagination. Il lui répondit avec une grande courtoisie et avec la réserve de quelqu’un qui ne sent pas profondément engagé. Déjà plus âgée de quelques années que les autres compagnes des surréalistes, elle ne pouvait certes pas jouer le rôle de la « femme-enfant », que, de plus en plus, Breton recherchait avec toute son énergie poétique.


Lise Deharme par Valentine Hugo
                                           cadavre exquis d'André Breton et Valentine Hugo
Paul Éluard and Valentine Hugo, 1935 - par Man Ray


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