Kurt
Schwitters est né le 20
juin 1887 à Hanovre en Allemagne. C’est un peintre, sculpteur et poète
allemand. Il a incarné l'esprit individualiste et anarchiste du mouvement Dada,
dont il fut l'un des principaux animateurs de Hanovre. En parallèle à Dada, il
a créé un mouvement qu'il a appelé « Mertz ».
Il a exercé une influence importante sur les néo- dada américains, Robert
Rauschenberg en particulier, qui lui a
emprunté l'idée de ses « combine-paintings » et ses collages.
CONSTRUCTION FOR NOBLE LADIES, 1919 |
En 1889, la famille schwitters
s’installe d’abord Veilchenstrasse 5 (rue de la violette) et quelques mois plus
tard, Waldhausenstrasse, à Hanovre.
En 1908-1909, Il passe deux
semestres à la Kunstgewerbeschule (arts décoratifs) de Hanovre. Il y rencontre
Helma Fischer, sa future épouse.
Kurt Schwitters étudie la peinture et le dessin de 1909 à 1914 à
l'Académie de Dresde puis à celle de Berlin et participe à la revue Der
Sturm de Berlin. Il est d'abord l'auteur d'œuvres figuratives, avant de
subir l'influence des mouvements d’avant-garde du début du XXème siècle dans des œuvres au fusain ou à
l'aquarelle.
das-baumerbild |
En octobre 1915, il épouse Helma Fischer. La même année, il
construira son premier Merzbau.
En 1917, il fait son service militaire. Sa peinture, figurative
jusqu’alors, aborde une phase expressionniste puis cubiste. Il écrit ses
premiers poèmes.
À partir de 1918, il se détourne définitivement de la peinture
traditionnelle pour élaborer, entre 1918 et 1920, un vocabulaire propre fondé
sur l'emploi de déchets et de détritus de toutes sortes, les objets de rebut de
la vie urbaine :
Merzbild Rossfett c.1919 |
prospectus, tickets de tramway, morceaux de chiffons, lambeaux
d'affiches, couvercles de boîtes de conserve, ficelles, carton ondulé.et
l'utilisation des procédés de collage pour assembler des matériaux de manière
« harmonieuse ».
La même année, naissance de son fils Ernst.
Grand ami de Raoul Hausmann,
de Hans Arp et de Hannah Höch, refusé
par le Club Dada de Berlin c'est-à-dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters
réagit en fondant un mouvement parallèle qu'il nomme « Merz», d'après son tableau Merzbild de 1919 dans lequel le mot
« Merz » est ironiquement tiré de la partie centrale du mot
« Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée. Le mouvement Merz
cherche en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et
urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l'art, sans idée de message
politique ou d'esthétique d'opposition, mais avec la volonté, à partir de 1920,
de fonder un « art total Merz »,
embrassant l’architecture, le théâtre et la poésie. Toujours en 1919, en
juillet, premiers articles, poèmes « An
Anna Blume »et dessins dans la revue Der Sturm.
colonne Merz (photo extraite de MERZ aux éditions gérard Belovici) |
Kurt Schwitters, Forms in Space 1920 |
En 1919, il publie An Anna Blume, collage de chansonnettes,
de proverbes et de citations qui obéit à l’esthétique du hasard esquissée dans
ses œuvres Merz.
Au printemps 1920, Schwitters rend visite à Max Ernst.
Grand " fouilleur "
de la société industrielle et de la réalité urbaine, il intégrait à ses œuvres
tout ce qu’il trouvait au hasard de ses recherches tout ce qui avait été
rejeté par la société. L’artiste, refusant une re- production illusoire de la
réalité, faisait au contraire " entrer " la vie, de façon
fracassante, dans le domaine de l’art. Pas de trace pourtant chez lui d’une
esthétique d’opposition comme celle de l’anti-art de Zurich ou de Cologne. Le
monde entier pouvait en effet constituer pour Schwitters une œuvre d’art.
Kurt Schwitters, Merz Picture 32 A. The Cherry Picture, 1921. |
L’assemblage intitulé Merzbild I,
le Psychiatre (1919, Malborough-Gerson Gallery, New York) rend compte
des recherches de l’artiste. Sur un fond peint avec des couleurs violentes,
encore expressionnistes, Schwitters a collé des objets usuels en les disposant
selon des rythmes assez structurés. Les deux couches de signes s’intègrent
parfaitement. D’autres œuvres telles que Breite Schnurchel (1923,
relief en bois, collection Hoech, Berlin) soulignent les dons du peintre qui
utilisait avec une aisance incroyable les matériaux les plus divers.
De 1920 à 1923, dans sa maison de Hanovre, Schwitters entreprend
de construire une vaste structure faite de volumes blancs en plâtre aux plans
imbriqués les uns dans les autres, et traversé par des tiges et des poutrelles
de section carrée, la Schwitters-Säule (colonne Schwitters), dans
laquelle s'encastrent, dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La
construction envahit peu à peu toutes les pièces et même tous les étages de la
maison et l'artiste lui donne le nom de Merzbau (construction Merz). Le
nom original qu'il avait donné à cette construction était Cathédrale de la
misère érotique dont le contenu était aussi choquant pour l'époque que tout
ce que pourraient produire les artistes radicaux d'aujourd'hui. Le terme Merz
provient d'un fragment de papier où se trouvait inscrit le mot allemand Kommerz,
de Kommerz Bank ; Bau signifie construction en allemand.
Merz With Light Centre 1919 |
Elle
était en outre sans cesse modifiée par l’artiste. Une construction dans
laquelle Schwitters avait voulu concrétiser ses aspirations et ses hantises,
témoignage unique de sa personnalité. Détruite lors des bombardements d'Hanovre en 1943, cette œuvre
unique a été reconstruite en 1990 au Sprengel Museum d'Hanovre puis, en 1993,
dans une version réduite, par Peter Bissegger à la demande de Harald Szeemann à l'occasion de la Biennale de Lyon.
Après 1922, Schwitters se lie avec les constructivistes Theo van
Doesburg et El Lissitsky. Avec eux, il publie entre 1923 et 1932 la revue Merz
et crée même une centrale de publicité Merz, qui travaille pour des firmes
comme Pelikan, Opel ou Bahlsen.
Mountain Graveyard 1919 |
Schwitters développera une
intense activité d'écrivain en composant des poèmes phonétiques, dont
l'évolution aboutira à la Ursonate, qui, lue à voix haute en public,
constituait bien avant la lettre une performance.
Ce chef-d'œuvre de poésie
phonétique sera publié dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz.
Il a été réédité en CD en 1990 et de nombreuses fois depuis.
En 1931, décès de son père, Edouard Schwitters.
Après 1937, il quitte l'Allemagne avec son fils pour
la Norvège. Ses œuvres sont retirées des musées et quatre d'entre elles
figurent dans l'« exposition de l'Art dégénéré » à Munich. Ohne Titel (Mit frühem Porträt von Kurt Schwitter |
. Sa femme Helma, restée à Hanovre, leur rendra visite
régulièrement jusqu’en juillet 1939, date à partir de laquelle la 1ère
guerre mondiale les empêchera de se revoir. À Hanovre, l’histoire du mouvement Dada
s’identifie à un seul homme, Kurt Schwitters, qui incarne encore plus que ses
compatriotes Hausmann, Ball ou Ernst l’esprit farouchement individualiste et
anarchiste du dadaïsme.
En 1940, fuyant l’avancée allemande, il quitte la Norvège par
avion le 9 avril, gagne l’Angleterre le 8 juin. Il y subira dix-sept mois d’enfermement
dans différents camps d’internement en tant qu'Allemand.
En 1941, libéré, il s’installe dans un appartement à Londres avec
son fils.
Page Black Note Book VI, 1921-1923, |
En 1944, victime d’une attaque, il a la moitié du corps paralysé
temporairement. Edith Thomas, dite Wantee, qu’il a rencontré en 1941, vient
l’aider et vivre avec lui. En octobre de la même année, Helma Scwitters décède
à la suite d’un cancer.
En 1945, il s’installe avec Wantee à Ambleside. Sa mère, Henriette
Schwitters, décède la même année.
En 1946, nouvelle attaque qui le laisse aveugle un moment. Il
tombe et se casse le fémur.
Après l'invasion de la Norvège par les nazis, il s'installe en
1946 en Angleterre, à Ambleside dans le Westmoreland où il entreprend un
nouveau projet dans l'esprit du Merzbau, le Merzbarn (grange
Merz).
Schwitters, toute sa vie, exploita et
diffusa inlassablement les idées maîtresses d’un art du hasard et du déchet,
doit à sa persévérance de figurer aujourd’hui parmi les artistes les plus
avancés.
Revolving, 1919 |
Ce " destructeur "
particulièrement intelligent exercera une très grande influence aux États-Unis,
sur le groupe New Dada et sur Robert Rauschenberg, notamment.
Il mourra en exil, le 8 janvier
1948 à Ambleside, d’une maladie du cœur, oublié, mais son influence ne cesse de
croître et Schwitters est aujourd'hui, par la profondeur de sa démarche, la
variété des formes d'expression qu'il a empruntées, du collage à l'architecture
en passant par le théâtre, la poésie et la typographie, éléments de sa vision
globale de la création, par sa recherche du " Gesamtkunstwerk ",
de l'œuvre d'art totale, considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle.
Kurt Schwitters est
représenté notamment au K. N. W. de Düsseldorf, au musée Sprengel de
Hanovre, dans les musées de Berlin, au M. O. M. A. de New York,
au County Museum of Art de Los Angeles, au musée de Grenoble. Une importante
rétrospective de son œuvre a été montrée en 1986 au M. O. M. A.
de New York, à la Tate Gallery de Londres et au musée Sprengel de Hanovre. Une
autre rétrospective a été présentée (Paris, M. N. A. M. ;
musée de Grenoble) en 1994-1995.
« Kurt
Schwitters, MERZ » aux éditions Gérard Bebovici, 1990
« Je ne comprends pas
pourquoi on ne pouvait utiliser dans un tableau, au même titre que les couleurs
spécialement fabriquées pour les peintres, des matériaux tels que : vieux
billets de tram ou de métro, morceaux de bois flotté, tickets de vestiaire, fil
de fer, rayons de vélo, boutons, en un mot toutes les vieilleries qui traînent
dans les greniers ou sur les tas d’ordures. C’était là, en quelque sorte, un
point de vue social et, sur le plan artistique, un plaisir personnel… »
Aucun autre Merzbau n'aurait survécu, mis à part quelques éléments
de celui établi en Norvège et qui a été filmé en 1999 par Guy- Marc Hinant. Le
Sprengel Museum de Hanovre a reconstitué l'un de ces ouvrages qui comporte au
moins quatre des pièces qui se trouvaient dans la maison de l'auteur.
Kurt Schwitters; Man soll nicht asen mit Phrasen, 1930 |
The Star Picture (1920) |
l'action de jeu à Memphis et de Thèbes sous le règne de Pharoanen, (L'action se déroule à Thèbes et de Memphis vertu de la règle des Pharaons.) |
Kurt Schwitters, Mz 129 rot oben [Mz 129 Red on top], 1920 |
kurt schwitters (1887-1948)- Die Kultpumpe The Psychiatrist, 1919 Oil, assemblage and collage of various objects on canvas, 48,5 x 38,5 cm Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Spain |
A visiter: http://surrealisme.skynetblogs.be/archive/2008/09/21/kurt-schwitters.html
http://www2.cndp.fr/magarts/heterogeneite/lyc_schwitters.htm
http://www.dadart.com/dadaisme/dada/038-Schwitters.html
tres jolie merci pour cette expèrience
RépondreSupprimerYep nickel
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