lundi 16 mai 2011

Victor Brauner


"Ma peinture est autobiographique, elle raconte ma vie. Et ma vie est exemplaire car universelle." Victor Brauner
 Peintre des prémonitions, Victor Brauner crée des images insolites et des figures chimériques. Il emprunte aux arts primitifs et aux sciences occultes pour exprimer des archétypes universels.
Victor Brauner est né le 15 juin 1903 à Piatra Neamt en Roumanie. Peintre dadaïste puis surréaliste qui a fait partie de l'importante communauté d'artistes et intellectuels roumains de Paris avec Constantin Brâncusi, Emil Cioran, Mircea Eliade, Eugène Ionesco, Isidore Isou, Panaït Istrati et Tristan Tzara.
Sa jeunesse est marquée par deux faits importants : d'une part, la révolte en Moldavie et les séances de spiritisme de son père auxquelles il assiste en secret, et, d’autre part, le souvenir laissé par l’étrange excitation provoquée par le passage de la comète de Halley en 1911, qui, pour beaucoup, annonçait la fin du monde. La famille Brauner s’installe pendant quelques temps à Hambourg, puis à Vienne en 1912 et revient à Bucarest en 1914.
 Victor Brauner commence à peindre en 1917, alors qu'il fréquente l'école évangélique de Braïla et se passionne pour la zoologie. Il étudie à l'école des Beaux-Arts de Bucarest de 1919 à 1921. Ses travaux, jugés scandaleux, le font rapidement exclure. En octobre 1924, il expose ses œuvres et édite, avec Ilarie Voronca, une revue Dada "75 H.P." (un seul numéro) dans laquelle il écrit le manifeste de la "picto-poésie". Ni tout à fait peinture, ni tout à fait poésie, la "picto-poésie" juxtapose des formes géométriques différenciées selon la couleur et la touche du pinceau, où s'inscrivent des lettres tracées à la main ou au pochoir, formant dans l'esprit à la fois futuriste, dadaïste et constructiviste, un vocabulaire dont la signification ne prend sens que par leur inscription sur la toile et soulignent l'expression dynamique de l'image. Un premier voyage à Paris, en 1925, lui fait découvrir Giorgio De Chirico et les surréalistes.  Il s'installe à Paris en 1930 où il est accueilli par son compatriote et ami Constantin Brancusi. Proche de Giacometti et Tanguy, Brauner adhère officiellement au groupe des Surréalistes en 1932. Il commence une série de tableaux autour du symbole de l'œil énucléé "Salomé". Son autoportrait "Autoportrait 1931" est-il la prémonition de la perte de son œil sept ans plus tard ? En 1933, Yves Tanguy le présente à André Breton qui l'aide à organiser une exposition individuelle à Paris. puis Brauner rencontre René Char.

En 1934 a lieu sa première exposition parisienne à la galerie Pierre. André Breton préface le catalogue : « Le désir et la peur président par excellence au jeu qu'il mène avec nous, dans le cercle visuel très inquiétant où l'apparition lutte crépusculairement avec l'apparence. » Après un retour à Bucarest, en 1935, il revient à Paris en 1938 et partage l'appartement d'Yves Tanguy. Il rencontre Jacqueline Abraham qu'il épousera en 1946. Sept ans plus tard donc, dans la nuit du 27 au 28 août 1938, lors d’un chahut entre Oscar Dominguez et Esteban Francés, il est atteint en plein visage par un verre qui le prive définitivement de son œil gauche. Cette perte ne laisse pas uniquement des traces physiques chez l’artiste. Brauner se retire et traduit cette expérience vécue dans son œuvre. Désormais, les œuvres de Victor Brauner représentent souvent le motif d’un seul œil surdimensionné et fixe.  Jusqu'à la déclaration de guerre de septembre 1939, le peintre traverse une période dite des « Chimères ».

Après la défaite de juin 1940 et l'occupation partielle de la France par l'armée allemande, Victor Brauner se réfugie dans la famille du poète Robert Rius, dont il vient d'illustrer le recueil "Frappe de l'Echo" à Perpignan. Il loge à Canet-plage. En novembre, il est à la villa Air-Bel à Marseille, avec d'autres artistes comme André Breton, Max Ernst, Wifredo Lam, et le militant révolutionnaire Victor Serge, dans l'espoir d'obtenir un visa pour quitter le pays et échapper à la répression. Son attente étant vaine, il est alors caché en Provence par René Char. La précarité de sa vie le contraint à s'adapter et à utiliser le peu de matériau dont il dispose. Ainsi, il peint à la cire, matière à qui il donne une valeur alchimique, voire ésotérique "Espaces psychologiques", "La Ville", "Devenir non devenant" (1943), "Analogie animale" (1945), "Triomphe du doute", "Motan de Lune" (1946). En 1947, il participe à l'Exposition internationale surréaliste, à la galerie Maeght et présente son être-objet le "Loup-table". Après cette exposition, il quitte le groupe surréaliste. Sa peinture s'assombrit jusqu'à devenir presque monochrome tandis que les titres de ses œuvres renouent avec l'humour Dada : "Orgospoutnique", "Autonoma", "Aeroplapla", "Poisson à roulettes". Malade et inquiet du sort des Roumains illégaux en France, Brauner ira à Zurich puis à Ronco. En 1965, Brauner représente la France à la Biennale de Venise.
Il décède à 63 ans, le 12 mars 1966 à Paris, des suites d'une longue maladie. Inhumé au cimetière de Montmartre, sur sa tombe est inscrit en épitaphe une phrase extraite de ses carnets : « Peindre c'est la vie, la vraie vie, ma vie ».

The Fisherman, 1957
Arc-en-ciel, 1943
Aube and André Breton, Peggy Guggenheim,  Victor Brauner, Marseille, 1941
André Breton et Victor Brauner








Rencontre avec moi-même aux quatre chats du monde, 1948

Conciliation extrême, 1941
Exposition Internationale du Surréalisme, Paris 1947, Victor Brauner, devant un tableau de Miró, présente sa sculpture le Loup-table (1939-1947)
Elevation (1939)
Mitsi 1939
Triomphe du doute, 1942
Fascination, 1939
Héron d’Alexandrie, 1939
La fiancée de la nuit, 1937
Chimera, 1939

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