samedi 7 mai 2011

HERMANN HESSE

Hermann Hesse est né le 2 juillet 1877 à Calw en Allemagne. Romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse.
Enfant turbulent, Hermann Hesse n'a cessé de remettre en cause les autorités de fait. Son premier succès, "Peter Camenzind", raconte la révolte d'un enfant contre sa propre famille et ainsi la difficulté de la recherche de soi face à l'évolution décadente du monde moderne. Hermann Hesse a toujours posé un regard sevère et inquiet sur la naissance de la société industrielle. Lors de la première guerre mondiale, ses prises de position pacifistes créent une rupture avec son public, mais ses oeuvres, "Demian" et "Siddhartha", brillants plaidoyers sur ses inquiétudes face aux nouveaux conflis internationaux, remportent un franc succès. Les valeurs défendues par Herman Hesse, connaissance et accomplissement de soi, que l'on retrouve dans nombre de ses oeuvres, " Le loup des steppes", "Le jeu des perles de verre" sont jugées trop utopiques par la jeunesse. Malgré un style éblouissant couronné par le prix Nobel de littérature en 1946, Hermann Hesse perd de sa notoriété à partir de la fin des années 1940.



Hermann Hesse est issu d'une famille de missionnaires chrétiens de confession protestante. Ses parents furent tous deux engagés pour la Mission protestante de Bâle en Inde, où sa mère, Marie Gundert, était née en 1842. Son père, Johannes Hesse, né en 1847 dans la famille d'un médecin, était d'origine germano-balte. Dans la petite ville de Calw, en Forêt-Noire, la famille tint, à partir de 1873, une maison d'édition missionnaire sous la direction du grand-père maternel de Hesse, Hermann Gundert. Il eut cinq frères et sœurs, dont deux moururent prématurément.
Le monde dans lequel Hermann Hesse vécut ses premières années était totalement imprégné de l'esprit du piétisme souabe. En 1881, la famille s'installa à Bâle pour cinq années, mais revint ensuite à Calw. Après avoir achevé ses études latines avec succès à Göppingen, Hesse rejoignit en 1891 le séminaire évangélique de Maulbronn (dont il fera le cadre de son roman "L'Ornière" en 1906 et y relatera les péripéties de son enfance). Là, se révéla en mars 1892, son caractère rebelle : Hesse s'échappa du séminaire et ne fut rattrapé que le lendemain, en pleine nature.
Dès lors commença, sur fond de violents conflits avec ses parents, une odyssée à travers divers établissements et écoles. Hermann Hesse était dans une phase dépressive de son trouble bipolaire, et il exprima dans une lettre du 20 mars 1892 des pensées suicidaires (« je voudrais partir comme le coucher de soleil »). En mai 1892, dans l'établissement de Bad Boll dirigé par le théologien et directeur de conscience Christoph Friedrich Blumhardt, il fit une tentative de suicide. À la suite de cela, Hermann fut placé dans la maison de santé de Stetten im Remstal, et plus tard dans un établissement pour enfants à Bâle.
Fin 1892 il entra au lycée de Bad Cannstatt, à Stuttgart. En 1893, il y obtint son diplôme probatoire de première année, mais interrompit ses études.
Il commença un apprentissage de libraire à Esslingen am Neckar, qu'il abandonna après trois jours, puis devint au début de l'été 1894 apprenti mécanicien pendant 14 mois, dans la fabrique d'horloges Perrot à Calw. Le travail monotone de soudage et de limage renforça en Hermann Hesse le désir de se tourner à nouveau vers une activité spirituelle. En octobre 1895, il se sentit prêt à entamer un nouvel apprentissage de libraire, à Tübingen, et à s'y consacrer sérieusement.
La consécration littéraire permit à Hesse d'épouser en 1904 Maria Bernoulli, de s'installer avec elle à Gaienhofen au bord du lac de Constance, et d'y fonder une famille comptant trois fils, Bruno, Heiner et Martin. Par la suite, il rédigea surtout des nouvelles et des poèmes. Son roman suivant, "Gertrude" (1910), évoque la crise de créativité de Hesse. Il acheva péniblement cette œuvre, et la considéra plus tard comme ratée. Les désaccords se multipliaient aussi dans son ménage, et pour prendre de la distance, Hesse fit en 1911, avec Hans Sturzenegger, un long voyage à Ceylan et en Indonésie. Il n'y trouva pas l'inspiration spirituelle et religieuse espérée, cependant ce voyage imprégna fortement ses œuvres ultérieures, à commencer par "Carnets indiens" en 1913. Après le retour de Hesse, la famille déménagea en 1912 à Berne, mais ce déplacement ne résolut pas les problèmes du couple, comme le dépeignit Hesse en 1914 dans son roman "Roßhalde".
À la déclaration de la Première Guerre Mondiale en 1914, Hesse se présenta comme volontaire à l'ambassade d'Allemagne, car il ne pouvait supporter de rester inactif, pendant que d'autres jeunes écrivains mouraient au front. Il fut néanmoins déclaré inapte au combat et affecté à Berne à l'assistance aux prisonniers de guerre, auprès de l'ambassade d'Allemagne. Dans sa nouvelle fonction, Hesse fut dès lors occupé à rassembler et expédier des livres pour les prisonniers de guerre allemands. A cette époque, il était coéditeur du "Journal des internés allemands" (1916-1917), éditeur du "Courrier dominical des prisonniers de guerre allemands", (1916-1919), et responsable de la "Librairie des prisonniers de guerre allemands".
Le 3 novembre 1914, il publia dans la Neue Zürcher Zeitung, l'article "Mes frères, cessons nos plaintes !" (premier vers de l'Ode à la joie), dans lequel il appelait les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Il en résulte ce que Hesse qualifia plus tard de grand tournant de sa vie : pour la première fois, il se retrouva au milieu d'une violente querelle politique, la presse allemande l'attaqua, il reçut des lettres de menace et de vieux amis se désolidarisèrent de lui. Il fut soutenu par son ami Theodor Heuss, mais aussi par l'écrivain français Romain Rolland, à qui Hesse rendit visite en août 1915.
Ces conflits avec le public allemand n'étaient pas encore apaisés, que Hesse subit une suite de coups du sort qui le plongèrent dans une crise existentielle plus profonde encore : la mort de son père le 8 mars 1916, la grave maladie de son fils Martin et la crise de schizophrénie de sa femme. Il dut interrompre son travail d'assistance aux prisonniers et commencer un traitement psychothérapeutique. L'intense travail de psychanalyse qui s'ensuivit, au cours duquel Hesse fit la connaissance de Carl Gustav Jung, déboucha finalement sur un nouveau point culminant de sa créativité : en septembre-octobre 1917, Hesse rédigea en trois semaines de travail frénétique son roman "Demian". Le livre fut publié après la guerre, en 1919, sous le pseudonyme d'Emil Sinclair.
Lorsque Hesse put reprendre sa vie civile, son couple était désuni. Une grave psychose s'était entre-temps déclarée chez sa femme et, même après sa guérison, Hesse ne put envisager aucun avenir commun avec Maria. La maison de Berne fut revendue, et Hesse emménagea mi-avril dans le Tessin, où il habita tout d'abord une petite maison paysanne à l'entrée de Minusio près de Locarno. Puis il vécut du 25 avril au 11 mai à Sorengo. Le 11 mai, il s'installa dans le village de Montagnola comme locataire de quatre petites pièces dans un bâtiment ressemblant à un château, la «Casa Camuzzi». Là, il ne reprit pas seulement son activité d'écriture, mais commença aussi à peindre, ce qui apparaît clairement en 1920 dans son grand récit suivant "Le dernier été de Klingsor". En 1922 parut le roman indien "Siddhartha". Dans celui-ci s'exprime son amour de la culture indienne et des sagesses orientales auxquelles il avait été familiarisé déjà dans la maison de ses parents. Hesse épousa en 1924 Ruth Wenger, fille de l'écrivaine suisse Lisa Wenger et tante de Meret Oppenheim (après le mariage avec Hesse, elle eut comme fils l'acteur Ezard Haußmann). Hesse obtint, cette année-là, la nationalité suisse.
Les principales œuvres qui suivirent, "Le Curiste" en 1925 et le "Voyage à Nüremberg" en 1927, sont des récits autobiographiques teintés d'ironie, dans lesquels s'annonce déjà le plus célèbre roman de Hesse, "Le Loup des steppes" (1927). Pour son cinquantième anniversaire, qu'il fêta cette année-là, parut également sa première biographie, publiée par son ami Hugo Ball. Peu après le succès de son roman "Le Loup des Steppes", la vie d'Hermann Hesse prit un nouveau tour par sa relation avec Ninon Dolbin, originaire de Czernowitz en Bukovine, et qui devint plus tard sa troisième femme. Le résultat de cette conversion à la vie de couple fut le roman "Narcisse" et "Goldmund" (1930).
Hesse quitta en 1931 l'appartement de la Casa Camuzzi et s'installa avec sa compagne Ninon dans une plus grande maison (la Casa Hesse, parfois aussi appelée Casa Rossa) sur les hauteurs de Montagnola, qui avait été construite selon ses souhaits et mise à sa disposition par son ami Hans C. Bodmer. Cette maison est actuellement un bien privé et ne peut être visitée.
En 1931, il commença à composer sa dernière grande œuvre, intitulée "Le Jeu des perles de verre" (imprimé en 1943 en Suisse) qui fut son refuge spirituel contre les querelles politiques et plus tard contre les nouvelles terribles de la Seconde Guerre Mondiale. C'est en grande partie pour cette œuvre tardive que lui fut décerné en 1946 le Prix Nobel de littérature. Il publia en 1932 un récit préparatoire, "Le Voyage en Orient". Hesse observa avec beaucoup d'inquiétude la prise de pouvoir des nazis en Allemagne. En 1933, Bertolt Brecht et Thomas Mann s'arrêtèrent tout deux chez Hesse dans leurs voyages vers l'exil. Hesse essaya à sa manière de contrer l'évolution de l'Allemagne : il publiait déjà depuis des décennies des comptes rendus de lecture dans la presse allemande, désormais il s'y exprima plus fortement pour les auteurs (juifs ou non) pourchassés par les nazis. À partir du milieu des années 1930, aucun journal allemand ne publia des articles de Hesse.
Après la Seconde Guerre Mondiale, la créativité de Hesse déclina : il écrivit encore des nouvelles et des poèmes, mais plus aucun roman. Il était par ailleurs sollicité par un flot intarissable de lettres, ce qui était le prix de sa gloire renouvelée auprès d'une nouvelle génération de lecteurs allemands, qui cherchaient aides et conseils auprès du « vieux sage » de Montagnola. Hermann Hesse mourut le 9 août 1962 et fut enterré au cimetière de Sant’Abbondio près de Montagnola, où Hugo Ball repose également.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hermann_Hesse


Extraits de "Klein et Wagner"
"Il n'existe rien que l'instinct de conservation et l'angoisse, et c'est sous la pression de l'angoisse, à cause d'une peur enfantine d'avoir froid, d'être seul et de mourir, que deux êtres se précipitent l'un vers l'autre, s'embrassent, s'étreignent, joue contre joue, se prennent, s'unissent et jettent dans le monde de nouveaux êtres."

"L'angoisse était réservée à la créature qui se débattait. Il lui était difficile de mourir et il lui en coûtait d'être né."

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