Armand Avril est né en 1926 à Lyon. Il doit beaucoup à son père, Marcel Avril, peintre du groupe Témoignage et précoce collectionneur d'art africain.
En 1942, il devient apprenti berger en Provence, il se déplace toujours avec un livre d’histoire de l’art et de quoi dessiner des croquis d’agneaux. Son père meurt dans les camps de concentration. Après la guerre, il retourne chez sa mère à Villeurbanne où il exercera de nombreux emplois de manœuvre. Avril dit qu'il gardait cependant l'esprit disponible "pour penser à la peinture". Il est également passionné de sport, particulièrement de rugby. Visiteur assidu du musée Saint-Pierre, l'autodidacte peint alors des huiles sur papier.
Encouragé par le peintre Pierre Pelloux rencontré en 1956, il commence à exposer l'année suivante à Lyon au Salon du Sud-Est des peintures colorées sous l'influence de Dufy, Bonnard et Matisse et à la manière de Fusaro et Cottavoz.
Un voyage d'un an en Afrique en 1960, (Il restera marqué toute sa vie par ce voyage), la rencontre de Louis Pons, dessinateur et assembleur d'objets, la découverte du village de Cotignac (Var) par le peintre Jean Arêne, où il choisira ensuite de vivre, modifient progressivement son orientation artistique.
Enthousiasmé par l'oeuvre de Gaston Chaissac qu'il découvre à Nantes en 1966, il convainc le critique René Deroudille et la conservatrice Madeleine Rocher-Jauneau d'organiser en 1968 une exposition de l'artiste au musée des Beaux-Arts de Lyon. Jusqu'en 1968, Armand Avril a pratiqué presque exclusivement la peinture. Il témoigne alors, avec un style figuratif proche de Dufy ou Jean Fusaro, de son goût pour les couleurs hardies et la fraîcheur des thèmes présentés.
Dans les années 1970, il expose dans des galeries parisiennes : Le soleil dans la tête, et chez Pierre Robin. A Vence, il expose à la galerie Alphonse Chave. Son œuvre est également exposée dans de nombreux musées français : au musée Cantini à Marseille, à Grenoble, au Musée d’Art Moderne de Paris.
En 1973, son hommage à Chaissac initie une série d'hommages facétieux aux artistes admirés : Malevitch, Matisse, Man Ray, Picasso, Herbin et au cubisme, dans une suite de "Têtes", pleines de fraîcheur et de fantaisie.
Les premiers montages d'Armand Avril constitués de bouchons de liège taillés, disposés dans des casiers d'imprimerie sont révélés lors de sa première exposition personnelle à la galerie lyonnaise Le Lutrin en 1970. Puis les assemblages se diversifient à travers des matériaux de récupération bricolés, bouchons de bouteilles, pinces à linge, éléments de jouets d'enfants, boules de croquet, filasse, glu, clous, boîtes de conserves vides. Il travaille essentiellement avec des rebuts et pièces détachées, le peu de prix devient sans prix quand il bricole. Les constructions d'Armand Avril sont des inventions ludiques à partir d'objets délaissés. Parfois peint puis collé sur des panneaux de bois, s'exprime un univers poétique débordant d'humour et de vitalité. Avril entame cette même année la série des « Mer à Cassis », grands formats inspirés par les calanques méditerranéennes et le poème "Reflets" du peintre Wols. L'artiste joue avec des effets d'accumulation ; les compositions étagées, telles des objets totémiques, évoquent parfois les rites de magie de cultures lointaines. Le thème de la mort apparaît aussi, mêlé à celui du sacré, dans des sortes de reliquaires d'un art populaire sans âge. Ses assemblages sont peuplés de personnages, certaines compositions sont proches de sculptures totémiques et tribales. Il est également inspiré de la tradition lyonnaise du théâtre de Guignol. L’humour est omniprésent dans son œuvre.
En 1985, une exposition organisée par Alphonse Chave dans sa galerie de Vence, inscrit la démarche d'Avril dans le sillage de Dubuffet et de l'art brut. Sa création prend la forme de séries : les alignements, assemblages de boules réalisées avec des moules à farce, les tireurs de langue, têtes hilares tirant une langue rouge accrochée à une ficelle, des assemblages reprenant les motifs de la publicité, des assemblages « cubisants », la série « Retour d’Afrique ». Le foot devient également une source d’inspiration pour « Les verts pâturages », inspiré d’une danse macabre gravée du 15è siècle.
En 2002, son ami Pierre Robin, ancien galeriste d'art primitif à Paris, lui propose des sculptures Bozo, peuple pêcheur installé sur une partie des rives du Niger au Mali ; il accumule les marionnettes colorées de cette ethnie dont la veine poétique dialogue avec ses propres créations. Par la suite, il part en Indonésie et collecte des pièces ethnographiques et une proue de bateau de pêcheur, qui trouveront une place au sein de sa création. La galerie Laurent de Puybaudet expose l’artiste en juin 2004 : Hommage aux eskimos, dont l’inspiration vient de la collection de masques eskimos d’André Breton. Armand Avril est donc un artiste aux sources d’inspirations multiples et polymorphes qui font de son travail une création à part, brute, colorée et toujours à redécouvrir.
Un artiste qui prend le sérieux à revers, langue tirée, vie brocardée, mort moquée. Qui pratique volontiers le pied de nez en forme d'hommage, à moins que ce ne soit le contraire. Salut à Chaissac, clin d'œil à Malevitch, Cubisme pas loin, autant de petits signes à des collègues. Sourire d'Avril qui s'amuse, se paye la tête de ses personnages, se paie sa propre tête. Ce qui n'empêche pas la tendresse, la drôlerie, la moquerie, voire l'ironie. Le cynisme non. Ce qui peut se cacher d'angoisse ou d'inquiétude derrière l'attitude du pitre, derrière la bonne blague perpétuelle, Avril a la pudeur de n'en jamais rien dévoiler. Même si ces personnages ont parfois des têtes de morts, ils nous rappellent que derrière le rire, il y le rictus, et qu'on finit tous comme cela. C'est la vie. Une vie à laquelle Armand Avril n'a de cesse de rendre hommage.
je crois qu'il faut ajouter à votre article un lien vers cette galerie de Lausanne qui présente Armand Avril du 19 mars au 2 mai 2015
RépondreSupprimerhttp://www.richterbuxtorf.ch/armand-avril/video/
à partir de ce lien, il y a une video, la troisième où il est question d'un collectionneur qui vit à Fontvieille, c'est vraiment très émouvant d'imaginer que quelqu'un se soit à ce point pris de passion pour cet artiste
et toujours merci pour votre blog, bravo, A.P
Merci pour ce lien Mr Paire ! J'aime infiniment la seconde vidéo aussi ! Bonne continuation.
RépondreSupprimerExposition personnelle du 12 août au 7 septembre 2016
RépondreSupprimerGalerie Philippe Paschos - Maison d'Art Contemporain "Le Bascou"
32500 PAUILHAC (GERS) - http://www.galerie-paschos.com
La galerie présente en permanence les oeuvres d'Armand Avril depuis 2011.
Félicitation pour l'excellente documentation.
Bonjour Mr Paschos. Merci pour votre passage ici. J'ai visité avec plaisir le site de votre Galerie et vous souhaite une excellente continuation.
Supprimer