En 1887, Kubin fait une première rencontre avec la mort : sa mère, malade de phtisie, meurt brutalement. La vision de son père, fou de chagrin, arpentant en tous sens la maison, le cadavre de sa mère entre les bras, le marqua à jamais. Dans Le Meilleur Médecin, Kubin représente la Mort comme une femme vêtue de noir, une médaille autour du cou. Son visage ne comporte aucun trait.
Son père, se remarie la même année avec la sœur de sa dernière épouse, qui mourut à son tour un an plus tard en donnant naissance à Rosalie, sa deuxième sœur. Son père devient hargneux et violent. Alfred se replie encore un peu plus sur lui-même. Ses dessins se font un peu plus morbides, terrifiants, incarnation de la haine qu'il porte au monde extérieur. Il est pris de visions fantastiques qu'il s'empresse de mettre en dessin.
Suite à de nombreux échecs scolaires, son père décide en 1891 de l'envoyer à l’École des arts appliqués de Salzbourg, mais malgré un début plutôt prometteur, Kubin est renvoyé l'année suivante en raison de ses mauvais résultats. Le frère de la troisième femme de son père (Irene Kühnel, avec qui il s'est remarié l'année précédente), photographe, finit par l'accepter auprès de lui en tant qu'apprenti. Mais il se brouille avec tout le monde, passe des soirées à boire, néglige son travail ; en 1896, il part se suicider devant la tombe de sa mère. Mais sa tentative échoue et il est renvoyé de nouveau. Il décide alors de s'engager dans l'armée, mais il fait une crise après trois semaines et passe trois mois à l'hôpital militaire de Graz.
Durant l'année de 1899, Kubin entre à l'Académie de Bildenden Künste München, dans la classe de Nikolaos Gysis, mais il ne vient pas souvent en cours et est forcé d'abandonner ses études. Il découvre également les travaux de Max Klinger, notamment son cycle de gravures "Un gant", qui le marquent profondément et provoquent chez lui une sorte de «frénésie créative». Il réalise durant cette période de très nombreux dessins et commence peu à peu à se faire connaître, en grande partie grâce à Hans von Weber qui lui voue une grande admiration. En 1902, Kubin réalise sa première exposition à Berlin. Il rencontre l'année suivante Emma Myer, dont il tombe aussitôt amoureux, mais qui meurt presque immédiatement du typhus. Il se remarie deux ans après avec Hedwig Gründler, sœur de l’écrivain Oscar A. H. Schmitz et s'installe avec elle à Zwickledt.
En 1908, il écrit en espace d'un mois et demi "L'Autre Côté", qu'il publie l'année suivante. Hermann Hesse déclarera plus tard qu'il s'agit là d'un livre majeur ; il influencera Franz Kafka, H. P. Lovecraft, Jünger et les surréalistes.
Kubin entre à la Nouvelle Association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München) en 1910, qu'il quitte la même année pour fonder avec Vassily Kandinsky, Franz Marc et Gabriele Münter l'association du Cavalier bleu (Der Blaue Reiter, d'après le nom d'un tableau de Franz Marc). Il rencontre également Paul Klee, avec qui il échange beaucoup jusqu'à l'arrivée de la Première Guerre mondiale. Jusqu'en 1914, la renommée de Kubin augmente rapidement, grâce à Paul Klee qui expose ses dessins au journal Simplicissimus.
En 1915, Kubin approfondit sa connaissance des travaux de Nietzsche et Schopenhauer. La découverte des doctrines des deux philosophes jouèrent un rôle déterminant sur son art. De 1920 à 1930, de nombreuses expositions lui sont consacrées, retraçant son travail depuis ses débuts. La venue de la guerre perturbe assez peu ses activités.
En 1948, son épouse, Hedwig Gründler, décède. Il meurt à son tour le 20 août 1959 dans son château de Zwickledt, situé à Wernstein am Inn d'une maladie de la vessie, après avoir fait don de l'ensemble de son œuvre à l'Autriche
Alfred Kubin est un artiste a-typique; “campagnard”, il vivait reclus en ce début du 20ème siècle loin des villes, à Zwicledt (haute Autriche), dans une solitude volontaire. Sa retraite bucolique appaisait l’inquiétude de son tempérament sans l’empêcher pour autant de fréquenter l’avant garde artistique de Vienne, Munich, Berlin et Paris où il fit deux voyages. Lors du dernier voyage, il rendit visite au vieil Odilon Redon qui fut ravi du respect que lui témoigna le dessinateur. Par la lecture, il conversait avec les philosophes qui, disait-il, nourrissaient ou calmaient son inquiétude. Il retrouvait sa noirceur dans le pessimisme de Schopenhauer, ou, plus tard, sa propre exaltation orgiaque chez Nietzsche, tandis que l’effort exigé par la rigueur froide et rationnelle de la pensée de Kant calmait la force de ses pulsions morbides.
Les dessins de Kubin nous donnent à voir une humanité totalement soumise, dépassée par des forces obscures et oppressantes mises en scène au travers d'une symbolique récurrente du monstre et du difforme, l'artiste se faisant par là l'«organisateur de l'incertain, du tremblant, de la pénombre, de l'onirique»; ils lient sexe, pulsions de mort et renferment une certaine folie dont on ne se sent pas si éloignés nous-mêmes.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Kubin
A visiter: http://users.skynet.be/bk212103/kubin.html
Soul of a Child. 1905 |
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