mardi 5 juillet 2011

Pieter Brueghel l’Ancien


Pieter Brueghel est un des plus grands peintres du XVIe siècle et un des plus exquis dessinateurs de tous les temps. C’est le peintre le plus authentique représentant de l'humanisme de la Renaissance Nordique sous son aspect érudit et sous son aspect social. De tous les artistes du XVIe siècle, il a le mieux senti et utilisé les fécondes innovations italiennes et les leçons de l'antiquité. Alors que les peintres du XVIe siècle analysent les articulations, la musculature d'un corps, les nuances d'un mouvement, Brueghel s'attache à la forme globale, à la ligne qui brièvement exprime une masse, suggère du mouvement la force dominante.
Pieter Brueghel l'Ancien naît entre 1525 et 1530, probablement à Bruegel, près de Breda, une ville des Pays-Bas. Les Pays-Bas appartenaient alors aux Habsbourg (Philippe II, fils de Charles Quint). Jusqu'en 1550, Brueghel fait son apprentissage chez le peintre Pieter Coeck van Aelst à Anvers. En 1551, il intègre la guilde de Saint Luc. Il travaille comme graveur et marchand d'estampes chez Hieronymus Cock. C'est ce dernier qui l'incite à effectuer un voyage en Italie. Brueghel travaille quelques temps à Rome, mais sans rompre ses liens avec Anvers. Durant ce voyage il dessine beaucoup les paysages qu'il traverse. Ces dessins inspireront par la suite une partie de son œuvre. Il préféra souvent le grand air aux intérieurs cossus que représentaient Memling ou Van Eyck. 
 En 1556, de retour à Anvers, il se consacre à la gravure, avec des séries telles que les "Sept péchés capitaux" ou les "Vertus". Il ne commence à peindre qu'assez tardivement (premier tableau daté de 1553). C'est en 1559 qu'il enlève le h qu'on trouvait à l'origine dans son nom (Breughel). En 1562, le peintre choisit de s'installer à Bruxelles. L'année suivante, il épouse la fille de son ancien maître, Mayken Coeck. Un an plus tard naît son premier fils, Pieter (surnommé Bruegel d'enfer, qui poursuivra dans la veine de son père). En 1565, il consacre une série de tableaux aux mois.
 En 1568 naît son second fils, Jan (surnommé Bruegel de Velours, qui se spécialise dans les représentations de paysages et de compositions florales). Pieter Brueghel l'Ancien meurt très probablement l'année suivante le 5 septembre 1569, et est enterré à Bruxelles.
Son atelier est alors en pleine activité, les grands de l'époque (les Farnese, les Princes de Habsbourg) s'arrachent ses toiles. Ses enfants profitent plus tard de ce patrimoine, Pieter le Jeune se lance à corps perdu dans la copie, sans grand talent. Son frère Jan cherche à innover et connaît un grand succès sans égaler le génie de son père. La peinture de Brueghel est novatrice en ce qu'elle privilégie la simplification des formes pour les rendre plus lisibles et dans la place qu'elle donne au paysage. Le peintre définit toujours les grandes lignes de sa composition avant d'aller vers le détail. Contemporain de Titien, Véronèse ou Michel-Ange, la renommée de Brueghel n'est pas, de son vivant, égale à celle de ces maîtres italiens. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des plus grands maîtres flamands de la Renaissance (avec Bosch, Cranach...).
Pieter Brueghel  meurt  le 5 septembre 1569 à Bruxelles. 

La peinture de Brueghel est généralement présentée en trois périodes : les premières compositions qui fourmillent de personnages pris sur le vif ; le cycle des Mois qui raconte la marche du monde selon les lois de la Nature et les derniers tableaux où quelques grands personnages se détachent d'un paysage qui n'est plus qu'un fond. Le peintre est en rupture avec ses prédécesseurs ou avec le goût italien de ce XVIe siècle. En faisant la jonction entre le Moyen Âge et la Renaissance, il dépasse l'art des Primitifs flamands et s'affranchit de celui des Italiens; l'unité de ses compositions, son talent narratif et son intérêt pour les « genres mineurs » en font un artiste inclassable dans l'histoire de l'art. Certains historiens se sont attachés à établir un lien entre Jérôme Bosch et, Brueghel unis par une tradition figurative. Bosch représente la fin du Moyen Âge, il est le dernier « primitif » et Brueghel commence un nouveau siècle, une ère moderne qui s'ouvre à la découverte de l'homme et du monde. Cependant, l'œuvre de Bosch veut inspirer une terreur dévote, totalement absente de celle de Brueghel. Pour l'un, le monde n'est qu'un "rêve de Dieu" ou une "tromperie du Diable" ; la Nature est une tentation nuisible. Pour l'autre, l'action humaine prend au contraire toute sa valeur : joies ou défis au destin, l'homme doit tenter l'aventure malgré les menaces. 
 Contrairement aux peintres de la Renaissance, Brueghel n'a pas représenté de nu et ne s'est que fort peu intéressé au portrait. Ses personnages ronds sont très éloignés de la glorification des corps bien proportionnés. Dans ses tableaux dominés par la vie populaire, le peintre montre des paysans tels qu'ils sont dans leurs activités et divertissements. Pour la première fois dans l'histoire de la peinture, la classe rurale est humanisée dans une vision objective. Les têtes s'alignent et l'on sent l'artiste sensible aux émotions et aux faiblesses. Même les scènes bibliques de Brueghel se situent pour la plupart dans un village et la description de la place publique qui fourmille de monde prend plus de place que le thème (voir le Dénombrement de Bethléem). Au XVIe siècle, en effet, la rue et la place étaient des lieux de rendez-vous et de divertissements : jeux d'hiver, carnaval, procession et kermesse, danses ou rites campagnards, tout était prétexte aux réjouissances et le peintre a su raconter ces rassemblements que Philippe II, d'ailleurs, voudra interdire. 
 Pour les stoïciens, le monde est une construction bien ordonnée dans laquelle l'homme occupe une place précise et accepte son destin. Cette conception s'exprime dans la série "Les Mois" qui montre l’union profonde des êtres vivants soumis aux cycles naturels. En revanche, dans d'autres toiles, Brueghel semble craindre l'orgueil et la rébellion de l'homme contre l'ordre de la création (c'est Nemrod et sa folle entreprise, Icare et son rêve ou encore la punition des Anges rebelles). La joie peut cohabiter avec le danger si l'homme se soumet à la fatalité et s'intègre dans la symphonie des éléments naturels. 

http://www.pieterbrueghel.com/index.htm 





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