Toulouse, 1887 – 1965
C’est vers la cinquantaine que Jane Ruffié entama une série de dessins et de peintures qu'elle poursuivra pendant plus de vingt ans.
Jane Ruffié fait partie des artistes médiumniques de l’art brut. Dès l’âge de dix-huit ans, elle se passionne pour l’occultisme, mais c’est surtout après la mort, en 1913, de son second fils, Roger, quinze jours après sa naissance, qu’elle dit recevoir des messages de l’au-delà. De cette initiation nous lui devons une oeuvre qui procède d'une raison d'ordre supérieur auquel elle va obéir durant des années. De 1914 à 1939, elle enregistre par l’écriture automatique les « communications » de Roger qui prennent la forme de suites de mots, parfois en langues étrangères. Au milieu des années trente, toujours guidée par son fils, elle commence à dessiner les yeux fermés. Le fusain, daté 1936, présente des tracés nerveux et irréguliers. Abstrait au premier regard, il laisse apparaître dans sa moitié gauche des lignes horizontales matérialisant le profil de l’esprit dirigeant la main de Jane Ruffié. L’inscription autographe au verso donne confirmation de la représentation du « guide spirituel ». Plus tard, sur le conseil de son fils, elle dessine et peint les yeux ouverts ; elle déclare : « J’avais les yeux ouverts, mais ça allait si vite que je n’avais pas le temps de voir ce que je dessinais. » Des visages, des fragments de corps semblent s’extraire ou au contraire prolonger des formes abstraites tortueuses.
Dans une de ses peintures, elle associe un profil d’homme barbu, son fils, à un profil de femme, le sien. Des tubes relient d’autres visages à des plages abstraites parcourues de points. Des formes en colimaçons surgissent des visages sibyllins, parfois une main, le tout dans des colorations sourdes et sans volonté d'effets. Ces imbrications de formes et l’usage des points sont à rapprocher des méthodes de composition des peintures spirites d’Augustin Lesage ou Fleury-Joseph Crépin. Pour Jane Ruffié, dessins et peintures constituent un art divinatoire qui permet de prédire l’avenir, de répondre à des questions ; ils délivrent aussi des messages qu’il faut interpréter.
Extrait de : "Art spirite, médiumnique, visionnaire, message d'outre-monde" aux éditions "Hoëbeke".
Rédigé sous la direction de Martine Lusardy, directeur de la Halle Saint-Pierre du 13 septembre 1999 au 27 février 2000
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