Tsila
Remz, devenue Cécile Reims, née en 1927. C'est une graveuse
française.
Elle
passe sa petite enfance dans une bourgade de Lituanie, chez
ses
grands-parents maternels dans
une famille juive traditionnelle.
Elle
arrive en France en 1933. La rafle du rafle du Vel d'Hiv disperse et
anéantit sa famille. En 1943, elle s'engage clandestinement dans
l'organisation juive de combat.
En
1946, apprenant que son oncle a été gazé dès son arrivée à
Auschwitz et que sa famille restée en Lituanie a été massacrée,
il lui faut donner un sens à cette vie devenue un privilège :
elle s’engage dans l’armée clandestine juive et gagne la
Palestine. Une grave atteinte de tuberculose la contraint à un
retour en France pour y être soignée.
À
Paris, à 17 ans, elle s'inscrit aux cours libres de la Grande
Chaumière. Sa rencontre avec le graveur Joseph Hecht, maître
rigoureux, lui fait découvrir le burin. Une révélation.
Cet
instrument exigeant, qui ne permet aucun repentir, va devenir son
moyen d’expression privilégié. Elle dessine et grave le monde qui
l’entoure dans Visages
d’Espagne
et Aube,
s’inspire d’Ovide dans Les
Métamorphoses.
Elle devient une élève assidue : elle trouve dans cette
pratique une ascèse et un mode d'expression. Lors de l'année 1950
paraît le recueil Psaumes.
En
1951, sa rencontre avec Fred Deux, dont elle devient la compagne, lui
ouvre un nouvel horizon : le dépassement de la réalité. L’art
devient, dès lors, le fondement de leur route commune. Cette même
année, elle publie la série Visages
d'Espagne
Mais
face à la puissance créatrice de cet artiste proche de l’univers
surréaliste et perçu comme un représentant de l’art brut en
France, elle mesure son « défaut d’imagination » et va
se détacher de son propre travail créateur pour devenir graveur
d’interprétation.
Cécile Reims, d'après Fred Deux, 1999 |
En
1956, la fragilité de leur santé pulmonaire incite Fred et Cécile
à quitter Paris et à s'installer dans une ancienne ferme, isolée
dans la montagne, à Corcelles puis à Lacoux dans l'Ain, à
proximité du plateau sanatorial d'Hauteville.
Aux
gravures d'interprétation figuratives et aux sujets très réalistes
du tout début succède un œuvre qui reflète une vision du monde
anthropomorphique, où la condition humaine se confond avec celle de
l'animal dans une nature minérale et mélancolique (Les
Métamorphoses, Bestiaire
de la mort
en 1957-1958 et Cosmogonies,
ensemble gravé en 1959 et publié en 2002).Elle renonce momentanément à la gravure et s'intéresse au tissage et à l'écriture : L'Épure est éditée en 1962 chez René Julliard.
En 1966, le hasard lui fait croiser Georges Visat, l’éditeur de Hans Bellmer et des surréalistes. Visat est à la recherche d’un buriniste capable de graver des dessins de l’artiste sans trahir sa subtilité et sa sensibilité. Elle se lance dans la gravure d'interprétation et, entre 1967 et 1975, grave au burin et à la pointe sèche près de 250 dessins. De cette période elle dira : « J'étais un "passeur" auquel il appartenait de donner à la gravure l'acuité, l'intensité de l'original, et qui n'était présent que dans l'acte de s'effacer. » Avec Bellmer, elle collabore, sans jamais voir son propre nom mentionné, notamment aux illustrations du Marquis de Sade, en retravaillant avec lui les gravures publiées dans Petit traité de morale (1968). Le Coq ou la poule en 1968, Analogies ou le Canapé en 1968-69, Doriane ou Chapeau fille en 1969, des œuvres érotiques, parfois sulfureuses, proches du fantasme ou de la fascination hallucinatoire. Mais Cécile Reims possède une étonnante capacité à oublier le sens du dessin, concentrée sur les méandres du trait de Bellmer et le regard fixé sur son burin, incisant avec virtuosité le cuivre que, de sa main gauche elle fait pivoter sur lui-même, creusant son sillon avec jouissance, recueillant dans sa paume les copeaux, « poussières brillantes que je disperserai au vent ».
Bellmer par Cécile Reims |
Après la mort, en 1975, de Hans Bellmer, elle poursuit ses collaborations, grave pour Salvador Dali de 1969 à 1988 (artiste qu’elle ne rencontrera jamais), pour Léonor Fini de 1972 à 1995 (dont la fantaisie lui offre une aire de détente)
Cécile Reims, Léonor Fini L'œuvre gravé |
http://fivecontinentseditions.com/fr/scheda.php?id=9788874395897
mais aussi, dans une moindre mesure, pour Pierre Bettencourt, Fabrizio Clerici, Matazo Kayama, Stanislao Lepri, Robert Malaval, Paul Wunderlich et bien évidemment pour Fred Deux. Les estampes sont généralement éditées en livres et recueils : Kaddisch en 1982 d'après Fred Deux, Histoires naturelles, L'Exil des roches, L'Herbier charnel, L'Élan vital, Loin du temps, La Grande Muraille, Anatomies végétales.
« L'œuvre de Fred Deux, quand j'y suis entrée, et pas seulement par le regard, m'a fait aller plus loin, plus profondément dans cette réalité irréelle que je pressentais et qui, à présent, à la fois double et infirme ce que mes yeux perçoivent. »
En 1985, Fred Deux et Cécile Reims s'installent à la Châtre, en Berry.
Le 17 janvier 2013, Cécile Reims a reçu des mains de madame le ministre de la Culture et de la Communication, l'insigne de chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur3.
Les œuvres de Cécile Reims sont visibles au musée de l'Hospice Saint-Roch d'Issoudun, à la Bibliothèque nationale de France de Paris, au musée Jenisch de Vevey. Un bel ensemble est également conservé au musée d'art et d'histoire du judaïsme de Paris.
https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9cile_Reims
https://www.tdg.ch/culture/musee-jenisch-presente-graveuse-francaise-cecile-reims/story/21304277
https://www.lagoradesarts.fr/Cecile-Reims-N-etre-qu-un-seul-et.html
Cécile Reims graveur - un film d'Isabelle Filleul de Brohy © Fondation ProMahj – mahJ - IFB Productions. from Isabelle Filleul de Brohy on Vimeo.
A visiter :
http://chroniques.bnf.fr/archives/avril2004/numero_courant/expositions/reims.htm
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/apps/search/?s=c%C3%A9cile+reims
http://zazzetounmind.blogspot.fr/search/label/C%C3%A9cile%20Reims
http://assoseptiemesens.free.fr/vlo/indexvlo.html
http://galerieamargaron.com/artistes/cecile-reims/
https://www.museeissoudun.tv/cecile-reims-et-fred-deux.html