Toyen (Marie Čermínová) est née à Prague le 21
septembre 1902. C’est une artiste peintre tchèque surréaliste.
Après des
études à l'Ecole des arts appliqués de Prague, Marie Čermínová co-fonde avec
l'écrivain Karel Teige le groupe anarchiste
Devětsil en 1920.
En 1922,
elle rencontre le peintre Jindřich
Štyrský. Ensemble, ils participent à une exposition collective
organisée par Devětsil et intitulée « Bazart
d'art moderne ». Elle adopte le nom Toyen, d'après citoyen
en français (1923).
1940 |
Dans ses
premières œuvres, Toyen s'inspire d'un cubisme puriste qu'elle abandonne
pour une série de tableaux naïfs aux sujets exotiques.
En
1925, elle s'installe à Paris avec Štyrský. Ils créent un nouveau style qu'ils
appellent «artificialisme», qui se
veut une peinture poétique, par lequel ils anticipent de nombreux éléments de
l'abstraction lyrique ultérieure.
1946 |
Cette
période donne des œuvres aussi variées que le Toboggan (1926, musée de
Prague), qui représente une tendance vers l’abstraction géométrique, la Fata
morgana (1926, Hluboká, Gal. Alès), où la couleur s’émancipe, le sujet
du tableau n’étant suggéré que par quelques signes sobres, la Fumée de
cigarette (1927), faite d’un tissu immatériel, de lumières et d’ombres.
1962 |
Cependant,
les fragiles champs arachnéens baignant dans un demi-jour tamisé et enfumé sont
remplacés par des pâtes crues et lourdes réparties irrégulièrement en surfaces
structurales (le Marais, 1928).
Ils
participent en 1925 à l’exposition « l’Art
d’aujourd’hui ».
Ils
rencontrent le groupe surréaliste. Leur première exposition commune est
organisée à la galerie Vavin. Philippe Soupault écrit la préface du catalogue.
À l’entrée du silence, 1954 |
De retour à
Prague en 1929, Toyen fait paraître des dessins érotico-humoristique dans la Revue
érotique créée par Štyrský.
À partir de
1931, son œuvre se peuple d’objets insolites, flottant dans un espace évocateur
de paysages nocturnes ou sous-marins (Gobi, 1931, musée de Hradec
Kralové). Le lyrisme y fait place à la plongée dans le subconscient, d’où
l’artiste ramène d’obsédantes images.
En 1932,
elle illustre la « Justine »
de Sade.
A une certaine heure 1963 |
En 1934, le
poète Vítězslav Nezval et Karel
Teige, Toyen et Jindřich Štyrský fondent
le groupe surréaliste de Prague qui accueille chaleureusement André Breton et
Paul Eluard en mars 1935. Cette même année, en mai, elle participe à
l'Exposition internationale du surréalisme à Ténérife dans les îles Canaries.
En 1936, elle exécute, en collaboration avec Štyrský,
un cycle de collages fantastiques consacrés à la mémoire du poète K. H. Mácha.
Elle en retient la méthode des rapprochements fortuits d’éléments disparates (Rencontre
matinale, 1937, id.).Au château La Coste 1946 |
Elle
sait susciter des visions troublantes par d’autres moyens : mariages
suggestifs de l’irréel et du déjà-vu (la Tanière abandonnée, 1937, id.),
spectres et fantômes (cycle des Fantômes du désert, 1937).
Horreur 1937 |
L’atmosphère
d’angoisse de ses œuvres ira s’amplifiant pour atteindre au paroxysme dans le
cycle Cache-toi, guerre ! (1944), vision d’un monde dévasté et
dépeuplé. Ce climat inquiétant se prolonge dans les œuvres d’après-guerre, où
cependant résonnent des accents d’espoir, comme dans l’Avenir de la liberté
(1946) ou dans le Chant du jour (1950).
En 1938, à
l'occasion d'une exposition commune Jindřich Štyrský et Toyen paraît
une double monographie dont les textes sont signés Nezval, Teige et Vitèzslau.
Illustration pour Justine |
En 1939,
l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne, lui interdit toute expression
publique. Dans la clandestinité, elle réalise un cycle de dessin Tir (Střelnice,
1940), des illustrations érotiques pour l'ouvrage du poète Jindřich Heisler «Seules les
crécerelles pissent » (1940) et «Cache-toi, guerre ! »
(Schovej se valko), une série de dessins accompagnant des poèmes du même
Heisler (1944).
Jindřich
Štyrský meurt en 1942.
Illustration pour Justine ou les Malheurs de la Vertu |
Après la
guerre, Toyen expose à nouveau à Prague en 1945, puis en 1947, elle quitte la
Tchécoslovaquie pour Paris, avec Jindřich Heisler. Elle participe aux activités
du groupe surréaliste et expose à la galerie Denise Renée. Le catalogue est
préfacé par André Breton.
En 1953,
exposition particulière, galerie « A l’étoile scellée » à Paris.
Publication de la monographie Toyen,
texte d’André Breton, Jindřich
Heisler, Benjamin Peret.
Illustration pour Sur-le-champ 1967 |
Dans les
années 1960, elle imagine deux livres-objets pour l'éditeur François Di Dio.
Dans les
années 1970, elle collabore aux publications du collectif "Maintenant" fondé par Pierre
Peuchmaurd avec Radovan Ivsic, Annie Le Brun, Georges Goldfayn.
Elle est
décédée à Paris le 9 novembre 1980.
"Toyen" éditions Filipacchi, 1974
Ils se lèvent à la pointe du jour 1950 |
A visiter:
Le paravent 1966 |
Les Rois Mages 1923 |
L'un dans l'autre 1963 |
Messages de la Forêt 1936 |
La chasse au renard 1964 |
Safe, 1946 |
Rêve de fille. Après. |
Relâche 1943 |
Objekt-fantom 1937 |
Le Puits dans la tour Debris de rêves 1967 |