Marcel Janco est né le 24 mai 1895 à Bucarest en Roumanie, il est l’un
des peintres du mouvement Dada dans lequel il s'illustre en réalisant toute une
série de masques. Il est considéré comme l’un des plus grands artistes
d’avant-garde de Roumanie.
Dès 1910, il a été lié aux jeunes poètes des revues Symbolul et Chemarea, fondées par Ion Vinéa
(1895-1964) : ces publications représentaient l'avant-garde artistique de
l'époque.
Il étudie l'architecture à Zurich entre 1913 et 1916.
En 1913 il rencontre Jean Arp à Zurich, avec qui en 1919 il forme
le groupe des "Artistes Radicaux",
entre autres avec Alberto Giacometti.
Le 5 février 1916, à Zurich, il participe à la naissance du
mouvement Dada avec les poètes Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Emmy Hennings et Tristan Tzara, les peintres
Jean Arp, Sophie Taeuber et quelques autres. Ils investissent une petite
taverne de la Spiegelstrasse qu'ils transforment en café littéraire et
artistique et couvrent les murs de tableaux créant une ambiance à la fois
intime et oppressante. Ils l'appellent "Cabaret Voltaire ».
Il réalise alors des reliefs peints, des sculptures (Masque,
1919, Paris, M. N. A. M.) et des peintures abstraites (Architecture
Empire brillant, 1918, Zurich, Kunsthaus) après avoir connu une courte phase
figurative marquée par le Futurisme (Bal à Zurich, 1917, Jérusalem,
musée d'Israël).
Bal à Zurich, 1917 Janco a formidablement bien rendu la dynamique de la danse en
fragmentant l’ensemble de la scène en de multiples surfaces qui se chevauchent
ici et là. Le tableau se transforme en une sorte de puzzle visuel. Les formes
sont à la fois des danseurs, mais aussi de simples couleurs disposées en aplat.
Outre ses propres créations, on y expose aussi des œuvres de Jean Arp,
Viking Eggeling, Otto Van Rees, Pablo Picasso, Arthur Segall, Wassily
Kandinsky, Enrico Marinetti, Filippo Tommaso Prampolini et Filippo de Pisis. Marcel
Janco est aussi, jusqu'en 1921, le décorateur des spectacles qui s'y jouent.
Avec Sophie Täuber, il créé notamment des masques inspirés des arts africains
et océaniens qui servent aux performances (Portrait de
Tzara, 1919). Tout ce groupe fort agité prend le nom de Dada lors
d'une séance au café Odéon, l'après-midi du 6 février 1916.
portrait de Tristan Tzara |
Portrait de Tzara, 1919 : les masques de Janco constituent un élément
essentiel du mouvement dada. Elles incarnent ce que Janco décrit comme « notre
foi en un art direct, magique, organique et créatif, comme celui des primitifs
et des enfants. »
1984 Sunrise on the Red SeaOil |
Janco travaille à Paris de 1920 à 1923 et se sépare bientôt des
surréalistes, par opposition de caractère mais aussi d'idéologie. Rentré à
Bucarest en 1923, il y dirige le mouvement et la revue Contimporanul de Ion Vinea.
Arrivé en Palestine en 1940, après l'avènement du régime fasciste
en Roumanie, il y devient rapidement l'un des principaux animateurs de la vie
artistique.
1984, Composition |
En 1942, il se réfugie à Tel-Aviv en Israël dont il deviendra un
artiste majeur du pays. Son élève et ami Harry Guttman l'y rejoint en 1974.
En 1948, il crée le groupe "Horizons
Nouveaux" et en 1953, sur les ruines du village d'Ein Hod du mont
Carmel à quelques kilomètres au sud d'Haïfa, il fonde le « village
d'artistes Ein Hod » espérant y appliquer ses idées sur l'art, l'artisanat
et la fonction de l'artiste dans la société.
La beauté de ce lieu solaire, qui fait face à la Méditerranée,
ses antiques racines grecques et romaines, le style arabe de ses petites
maisons cubiques et sa population cosmopolite ont donné à Marcel Janco la
possibilité de réaliser un rêve très ancien, celui d'un art dégagé du commerce,
pensé et créé en communauté, avec la modestie des bons ouvriers et l'ouverture
sur le monde d'une culture à vocation universelle. Cette entreprise a été un
succès. Ein-Hod a fêté sa réussite par des nuits mémorables, dont a témoigné
Georges Boudaille (« Janco, maire de Ein-Hod », in Les Lettres françaises, nov.
1963).
Don Quihote et Sancho Pansha. |
L'art de Janco se développe suivant deux directions : l'une
unit l'esprit dada à un certain Classicisme abstrait et prolonge l'œuvre de
jeunesse dans des peintures et des reliefs fortement structurés (Paysage, 1963,
Jérusalem, musée d'Israël), l'autre est expressionniste, quelquefois
symbolique, chargée d'émotion tragique (les Sirènes, 1949) et parfois
empreinte d'un humour très personnel, manifesté dans les portraits et les
scènes de vie orientale.
Fleur-géométrie 1917 |
À partir de 1965, dans ses reliefs métalliques, Janco revient,
d'une façon spectaculaire, aux conceptions plastiques de sa jeunesse. Il a
illustré divers ouvrages (notamment de Tristan Tzara) et exécuté des décors de
théâtre.
Le musée de Tel-Aviv lui a consacré une rétrospective en 1972. Ses
œuvres se trouvent dans les musées d'Israël (Jérusalem et Tel-Aviv), de
Roumanie, de Suisse, de Paris (M. N. A. M.) et de Chicago (Art
Inst.).
Il reste fidèle jusqu'à la fin de sa vie à son ami et confrère,
l'écrivain Tristan Tzara dont il réalise de nombreuses illustrations en
gravures sur bois pour ses manifestes.
Il décède le 21 avril 1984 à Tel-Aviv-Jaffa
http://exhibitions.europeana.eu/exhibits/show/dada-to-surrealism-fr/jhm-zurich-fr/marcel-janco
Cube alambic vert, 1920, Plâtre polychrome sur toile de jute |
Illustration pour Vinéa. Dessin au crayon aquarellé 1925 |
Immigrant Ship |
Marine Landscape, 1978 |
mask-for-firdusi |
Masque 1919 assemblage, papiers collés, fibres de bois, pastel et gouache |
Mother with Children, |
Extrait de « Duchamp
dada » aux « Nouvelles
éditions françaises », Casterman, 1991. Texte de Mickaël Gibson.
(les « masques »
vus par Hugo Ball)… « Ils évoquent le théâtre japonais ou grec ancien tout
en demeurant totalement modernes. Conçus pour être vus de loin, ils font un
effet surprenant dans l’espace relativement restreint du cabaret. Nous étions
tous là lorsque Janco arriva avec ses masques, et chacun de nous en essaya un.
L’effet fut surprenant. Non seulement chaque masque réclamait le costume qui lui
convenait ; il suscitait aussi un ensemble de gestes précis,
mélodramatiques et frôlant même la folie. Cinq minutes plus tôt, aucun d’entre
nous n’avait eu la moindre idée de ce qui allait se produire, mais nous
faisions bientôt les gestes les plus bizarres, drapés et ornés d’objets les plus improbables, et faisant assaut
d’inventions. Le dynamisme des masques étant irrésistible. En un instant nous
prîmes conscience de l’énorme importance qu’avaient de tels masques dans le
mime et le drame. Les masques exigeaient tout simplement que ceux qui les
portaient se mettent à exécuter une danse tragique et absurde. »
… « Ce qui nous fascine dans ces masques, c’est qu’ils
figurent non pas l’humanité, mais des caractères et des passions démesurées.
L’horreur paralysante qui constitue la toile de fond de notre époque est rendue perceptible ici. »
Nature morte, composition aux fleurs, 1920, Huile sur plâtre insérée dans de la toile à sac |
Portrait d’homme 1922, 1924 |
soldat blessé |
The Straits of Messina |
Three Dancers, 1943, Watercolor |
Three Women in Malta, 1930s |
trophée,1918 |
Anonyme, Photographie de “Cabaret Voltaire” (1916) de Marcel Janco, oeuvre disparue |