Henry J. Darger serait né le 12 avril 1892 à Chicago dans l’Illinois. C’est un écrivain et peintre américain.
Sa principale œuvre, composée tout au long de sa vie de solitude, est un récit épique illustré de 15 143 pages appelé The Story of the Vivian Girl (L’histoire des Vivian Girls dans ce qui est connu sous le nom des Royaumes de l’Irréel et de la violente guerre glandéco-angelinienne causée par la révolte des enfants esclaves).
Il y raconte la violente guerre entre les Angéliques et les Hormonaux. Plus de 300 compositions (aquarelle, dessins, collages) l'accompagnent et le complètent, donnant naissance à une œuvre graphique unique et originale, proche de l'Art brut ou de l’art Outsider. La découverte de cette œuvre a été très immédiatement postérieure à l'invention par le critique d'art new-yorkais Roger Cardinal du concept de l’art Outsider.
Sa
mère meurt lorsqu'il a quatre ans, en mettant au monde sa petite sœur immédiatement
confiée à une autre famille, il ne la reverra jamais. Du témoignage même de
Darger, il fut bien traité par son père avec lequel il vécut jusqu'en 1900.
Dans les temps précédents sa mort, ce dernier était trop faible pour s'occuper
de son fils qui est pris en charge par l'établissement catholique qu'il
fréquentait alors. Son comportement perturbe ses camarades qui ne tardent pas à
le traiter de fou. Il parle seul, de manière irrépressible et inopinée. Il est
probablement affecté par le syndrome Gilles de la Tourette.
Persuadé d'avoir un don lui permettant de savoir quand les adultes lui mentent, il se montre très rétif à toute forme d'autorité. Sa pratique ponctuelle mais récurrente de l'onanisme en public (self-abuse comme le diagnostiquent pudiquement les docteurs qui l'examinent) finira par le faire interner en 1905. Il séjournera plus de 7 ans à l'Institut Lincoln (Illinois), réputé pour la sévérité des traitements que les internés y reçoivent. Il tenta de s’en évader à plusieurs reprises.
C'est lors d'une de ces fugues, en 1908, qu'il est témoin d'une
puissante tornade qui ravage alors le Comté de Brown dans l’Illinois. Ce
cataclysme laisse des traces prégnantes dans l’imaginaire de Darger comme en
témoigne le motif récurrent de la tempête à l’intérieur de ses tableaux.
À 16 ans, lors de sa troisième tentative d'évasion, il
parvient à regagner Chicago. Il y trouve l'aide et le réconfort de sa marraine.
Elle lui trouve un emploi de portier dans un hôpital catholique où il travaillera jusqu'à sa retraite, en 1963. Il commence alors à régler sa vie selon un emploi du temps immuable. Catholique dévot, il assiste à la messe jusqu'à cinq fois par jour. Il collectionne pour les amasser des détritus de toutes sortes (jouets, figurines religieuses, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines et bandes-dessinées). Il consignait quotidiennement, dans un journal, l'état de l'atmosphère et les erreurs commises par les météorologues dans leurs prévisions.
Cette vie de réclusion et de solitude est à peine infléchie par la
seule amitié qu'on lui ait jamais connue et qui le lie à William Scholder. Tout
deux s'investissent dans des œuvres de charité dédiées aux enfants abandonnés
ou maltraités. Scholder décèdera en
1959.
De 1930 à 1973, Darger occupera la même chambre à Chicago, au 851 W Webster Avenue, non loin du
Lincoln Center Park, dans le quartier de North Side. C'est là qu'il se consacre
secrètement à l'écriture et à la peinture. Personne ne sait combien de temps lui ont demandé la composition de son œuvre. Outre les royaumes de l'irréel, il a rédigé son autobiographie (L'Histoire de ma vie, 5084 pages). Ce n’est qu’après sa mort que l’œuvre à laquelle il avait travaillé toute sa vie fut découverte.
En 1973, Nathan et le Kiyoko Lerner, les propriétaires de l’appartement loué par Darger, mettent au jour, au milieu de détritus et de vieux journaux, les réalisations de l’artiste. Lerner est un photographe accompli et reconnu, ayant notamment travaillé pour le New York Times.
Il perçoit immédiatement l'intérêt du travail de son locataire et
se charge de créer une fondation destinée à mettre ce fonds en valeur. Il
aidera beaucoup à la réalisation du documentaire de Jessica Yu sur la vie et
l'œuvre de Darger.
A Kiyoko Lerner qui lui demandait chaque dimanche, au sortir de la
messe, comment il allait, Darger répondait : "Demain, peut-être, le
vent cessera de souffler."
Son œuvre raconte les aventures des filles de Robert Viviam, les sept princesses du royaume Abbieannia. Celles-ci sont en proie aux attaques répétées et violentes du diabolique John Manley.
À la
tête du domaine de Glandelia, il menace de réduire en esclavage tous les
enfants d'Abbienne. Les sept sœurs sont à la tête d'une rébellion acharnée,
aidées par leurs légions de fillettes prêtes à en découdre. Parmi ces
vaillantes nymphettes, le lecteur retrouve de géantes créatures aux ailes de
papillons, les blengins. Leur corps couverts d'écailles se terminent en
queues pointues. Le reste du bataillon se compose de jeunes filles pré- pubères,
souvent nues et pourvues d'organes génitaux masculins.
Nombre d'entre elles sont sacrifiées à la barbarie des hommes en
uniformes de Manley. Elles sont souvent éviscérées, étranglées ou pendues.
Toutes ces aventures se déroulent sur une vaste planète autour de laquelle
gravite la Terre, à la façon d'une lune. Elle est peuplée de chrétiens, la
plupart catholiques.
Son écriture est directe. Les descriptions les plus crues peuvent
aller jusqu'à laisser entendre au lecteur les rires forcées des fillettes se
transformer en cris de souffrance.
Son style comporte également de nombreux emprunts fleuris à la
littérature victorienne.
Ses capacités de dessinateur étant limitées, Darger s'inspire des
comics américains (Miss Muffet, Donald
Duck ou little Annie Rooney) et les copie. Il les découpe, les fait agrandir et
démultiplier au rayon photographie du bazar local. Une fois muni d'une infinité
de formats, il les décalque pour former des compositions souvent très
complexes, pourvues de nombreux plans.
Il montre ensuite l'étendue de son talent de coloriste. Il manie
les contrastes, sachant rehausser des palettes de tons fades, à certains
endroits, par des couleurs éclatantes, des rouges sang ou des jaunes vifs.
Henry Darger
n’a très certainement jamais montré son œuvre à quiconque.
Au début uniquement considérée par le prisme de l'Art brut,
l'œuvre de Darger quitte progressivement son statut marginal. « Sa
complexité thématique, sa sophistication technique et son amplitude narrative
ont été mieux comprises. Elle occupe désormais une place singulière parmi les
œuvres visionnaires les plus novatrices et les plus profondément personnelles
du XXe siècle. » (Edward Madrid Gomez, Henry
Darger : une vie et un art d'exception, introduction à Bruit et
fureur : l'œuvre de Henry Darger, Andrew Edlin Edition, New York,
2006)
L’œuvre de Henry Darger est répartie entre différents musées,
majoritairement nord-américains, notamment l'American Folk Art Museum et le
MoMA de New York, l’Art Institute de Chicago, ainsi que le LaM de Villeneuve
d’Ascq et la collection de l’Art brut de Lausanne. Elle a fait l'objet d’une
exposition monographique à la fondation de Galbert, la Maison rouge, à Paris
durant l’été 2006.
Il est mort, seul, le 13
avril 1973, à 81 ans.
http://www.moreeuw.com/histoire-art/henry-darger.htm
http://www.abcd-artbrut.net/spip.php?page=film&id_article=307&id_document=3749
http://www.abcd-artbrut.net/spip.php?page=film&id_article=307&id_document=3749
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