Collage papiers, gouaches, aquarelles
vendredi 27 juillet 2012
jeudi 12 juillet 2012
Valeska Gert
Gertrud Valesca Somes, dite Valeska Gert est née le 11 janvier
1892 à Berlin-Sud. C’est une danseuse, humoriste et une actrice allemande.
Artiste
autodidacte, elle est née dans une famille bourgeoise de Juifs berlinois. Son
père, Theodor Samosch, est un commerçant né le 27 mai 1852 à Breslau. Sa mère,
Augusta Rosenthal est née à Berlin le 28 novembre 1864. En 1894, quand naît son
petit frère, Valentin Hans, la famille
déménage au Sud-Est de Berlin.
Valeska
a commencé à danser à 9 ans. Elle s'est, par la suite, produite en solo dans
des personnages très éloignés de la bourgeoisie, pour mieux la caricaturer.
Elle peint des personnages marginaux : « Parce que je n'aimais pas
les bourgeois, je dansais des personnages qu'ils méprisaient, prostituées, entremetteuses,
marginaux, dépravés.» Dans l'une de ses prestations remarquables, elle exprime
par son corps un cri sans son.
Réfractaire
à toutes les écoles, elle s'inscrit toutefois dans le courant expressionniste.
Sa danse, contrairement à Mary Wigman, se révèle virulente et provocatrice.
Elle croque au vitriol les travers des classes moyennes et illustre le rythme
frénétique de la vie moderne.
Entre 1915
et 1916, elle suit un cours d’art dramatique auprès de Maria Mossi et d’Alfred Breiderhoff.
Le 24 février
1916, elle fait ses débuts de danseuse comme élève de Rita Sacchetto et
présentera, durant une semaine, une série de numéros de danse, en soliste et
avec Sidi Riha, numéros interprétés entre les projections de films.
En mars
1918, elle épouse Helmuth von Krause dont elle divorcera en 1935 à cause des
lois raciales nazies.
Un an plus tard, elle épouse Robin Anderson
Hay et obtient la citoyenneté britannique.
En 1919, elle côtoiera les dadaïstes
berlinois.
Valeska
Gert est contemporaine de l'Allemagne des années 1920-1930. Cette dernière,
humiliée par le traité de Versailles, doit faire face à de graves difficultés
économiques, sociales et politiques. L'inflation fragilise les classes
moyennes, l'effondrement de la production et les faillites conduisent près d'un
quart de la population allemande dans une situation précaire : on constate
en effet 6 millions de chômeurs. Le parti nazi se nourrira des mécontentements
de la population et accédera au pouvoir en 1933. Propagande, censure de presse,
autodafés, jeunesse contrôlée et antisémitisme (lois de Nuremberbeg en 1935 et
ordonnance de 1938 excluant les juifs de la société allemande) constituent le
paysage de l'époque.
C'est dans
ce contexte, qu'en 1932, Valeska Gert ouvre un cabaret à Berlin « le Kohlkopp » (tête de chou). Ses
activités sont interrompues par l'arrivée des nazis au pouvoir.
En 1938, elle part pour New York et connait là bas des
débuts difficiles.Elle sera obligée de subvenir à ses moyens en vivant de petits boulots.
Elle
travaillera ensuite dans le cabaret Beggar's
bar à New York. « La guerre touchait à sa fin. Berlin fut bombardée de
fond en comble, ma ville, la ville où je suis née. J'en souffrais jusqu'à la
moelle. J'étais atteinte dans chaque nerf. Bientôt la paix allait venir. Je n'étais
plus qu'à moitié en Amérique. Je n'avais jamais eu l'intention d'y rester. Dès
que les nazis seraient loin, j'y retournerais. J'aime l'Europe, ce continent à
l'habitat si dense, où l'on est si proche de l'autre qu'un courant électrique
passe, on l'appelle « atmosphère. »
Au printemps
1945, elle ferme le Beggar bar.
Elle
retournera en 1947 en Europe et sera récompensée en 1970 par un ruban d'Or pour
sa longue et remarquable activité dans le cinéma allemand.
L'expressionnisme
allemand, dans lequel s'inscrit Valeska Gert, est un courant artistique qui se
développe à partir de 1905. Il regroupe plusieurs disciplines
artistiques : la danse (Rudolf
Laban, Mary Wigman, Kurt Jooss...), le théâtre (W. Hasenclever, Fritz
Kortner...), la littérature (Heinrich Mann,
Georg Trakl...), le cinéma
(Robert Wiene, Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau...), les Arts Plastiques (Edvard Munch,
Vincent Van Gogh...).
L'expressionnisme
est la conséquence de trois ruptures : avec l'académisme, avec le
nationalisme, et le naturalisme. S'agissant de la danse, le sens du mouvement
sous toutes ses formes y est premier (comme la Kinésphère de Laban), hanté par ce qui le menace constamment, une
paralysie qui figerait les corps et entraînerait une mort prématurée. Il s'agit
bien d'arracher les mouvements à cette inertie.
Valeska Gert
va, au travers de sa gestualité, montrer son aversion face à la bourgeoisie et
une nouvelle façon de danser. On la considère parfois comme l'une des
pionnières de la danse contemporaine.
« Quand
je faisais du théâtre, je regrettais la danse, et quand je dansais le théâtre
me manquait. Le conflit a duré jusqu'à ce que l'idée me vienne de réunir les
deux : je voulais danser des personnages. »
Son art est
basé sur l'alliance du burlesque et du grotesque dans le but de provoquer. Ses
solos les plus célèbres sont «la mort»,
«la boxe», «le cirque», «la nourrice»,
«la canaille», thèmes ou personnages
issus de la vie quotidienne de Valeska Gert.
La guerre a
mortellement blessé le mouvement chorégraphique allemand des années 20.
Toutefois, l'héritage de ce mouvement se perpétuera à travers le renouveau de
la « danse Théâtre » (Tanz
Theater). Tout comme les créations de Valeska Gert, ce courant créé par Kurt
Jooss, tire son essence du geste quotidien utilitaire, pour le styliser, en
jouant sur les paramètres de poids, temps, vitesse et énergie.
S'il faut retenir une héritière, ce sera Pina Bausch (1940-2009), élève de Kurt Jooss. Chorégraphe de génie, auteur de nombreux chefs d'œuvre tels que «Café Muller» (1978), «Nelken» (1982), «Kontakthof» (1978) ou encore «Walzer». Valeska Gert, ou Mary Wigman, ont, comme beaucoup d'artistes de leur époque, influencé la danse et les chorégraphes d'aujourd'hui, parfois à leur insu.
« Mes
danses ont influencé les danseurs du monde entier, ils ne le savent pas. Je
veux vivre une fois morte. J'ai écrit pour cela. Peut-être que quelqu'un me
lira quand je serai devenue poussière, et peut être me comprendra-t- il, et
peut-être m'aimera t- il ? »
Elle est
décédée entre le 15 et le 18 mars 1978 (vraisemblablement le 16) à Kampen sur
l’île de Sylt. Après sa mort, en 1978, elle sera inhumée dans le cimetière de
Ruhleben à Berlin.
« Je suis
une sorcière », kaléidoscope d’une vie dansée, traduit et annoté par
Philippe Ivernel, aux Editions « Territoires de la danse », éditions
Complexes.
Man Ray - Valeska Gert, vers 1925 |
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