Josef Šíma (francisé en Joseph Sima), est né à Jaroměř, dans la région de Hradec Králové , en Bohême, le 19 mars 1891.
En 1902, il y fait ses études secondaires au lycée.
De 1904 à 1909, il continue ses études au lycée de Brno.
À partir de 1909 et jusqu’en 1914, Sima est inscrit simultanément à
l'École des arts et métiers et à l’Ecole
supérieure technique, et dès 1911, à l'École des Beaux-Arts où il est élève de
Jan Preisler. Il y restera jusqu’en
1918.
Il découvre alors la peinture impressionniste, la peinture fauve,
la peinture cubiste et surtout Cézanne, qui aura sur toute son œuvre une
influence durable.
En 1919, il est mobilisé en Slovaquie.
A pool |
En 1920, il gagne la France et travaille quelque temps dans des ateliers de vitraux Mauméjean à
Hendaye.
À Prague, il est membre du groupe "Devetsil", fondé en
1920. C'est dans son atelier, cour de Rohan au cœur de Paris, que les réunions
du Grand Jeu vont se tenir, jusqu'à l'éclatement du mouvement en 1932. Josef
Sima poursuivra sa fréquentation des poètes, travaillant avec Pierre Jean Jouve
et plus tard René Char. Après une longue
période de silence, il renouera avec la peinture en 1950, faisant de la lumière
le sujet premier de son travail.
Abîme rouge 1968 |
Il s'installe à Paris en 1921,
en tant que correspondant du groupe et fait la connaissance du peintre et poète
dada Georges Ribemont-Dessaignes, des peintres Amédée Ozenfant, Albert Gleizes
et Pierre Jeanneret qui sont aussi les collaborateurs de la revue L’esprit nouveau. Il a trente ans, et c’est déjà un artiste reconnu.
En 1922, il est correspondant de journaux tchèques, dessinateur de
robes pour Paul Poiret et de tissus pour Raoul Dufy.
En avril 1923,
il épouse Nadine Germain.
Ses œuvres sont exposées en 1925 à Prague. Sa peinture, qui était
à mi-chemin d'un fauvisme rude (remorqueurs, quais de la Seine, ponts de Paris (Conflans
Sainte-Honorine, 1923), et d'un cubisme déjà teinté de surréalisme (Le
Havre, 1923), connaît une courte période constructiviste après la rencontre
de l'artiste avec Mondrian, Van Doesburg et les membres du groupe " l'Esprit nouveau " (1923-1925)
en tant que correspondant pour l'architecture de la revue d'avant-garde
praguoise " Red ".
Gouttes de lumière 1959 |
En 1926, Josef Sima est naturalisé français. Il fait la
connaissance de Jean Arp, André Breton, Max Ernst, Paul Eluard, Philippe
Soupault, Michel Leiris, Alberto Giacometti.
C'est à partir de cette même année que Sima commence à exprimer sa
personnalité profonde, à chercher en lui-même et dans les souvenirs de ses
visions privilégiées (la foudre, la forêt, la lumière prismatique, la clarté
d'un corps féminin) les principaux éléments de son œuvre, qu'il reprendra tout
au long de sa vie dans une incessante transmutation. À la première exposition
du Grand Jeu (1929), mouvement proche du surréalisme, dont le programme tient
en deux mots : " Révolution-Révélation ", il montre de
curieux paysages figés, " dé-réalisés " (Tempêtes
électriques), puis expose en 1930 un ensemble de portraits, dont ceux,
inquiétants et fantomatiques, de ses amis Daumal et Lecomte (musée de Reims).
Jusqu'à la guerre, il peindra souvent sur des thèmes mythologiques des œuvres
oscillant entre l'inspiration surréaliste, comme le Retour de Thésée (1933,
musée de Prague) ou Souvenir de l'Iliade (1934, id.), et une
aspiration au dépouillement abstrait, plus sensible dans les " Paysages ".
Gouttes de lumière, 1958 |
En 1927-1928, il est l'un des fondateurs du Grand Jeu et le directeur artistique de la revue du même nom.
Autour de Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Roger Vaillant, ce groupe de
surréalistes refuse la tutelle de Breton.
Il collabore longuement avec le poète Pierre Jean Jouve :
gravures pour Beau Regard (GLM, 1927), Le Paradis perdu (GLM, 1938).
Il demeure étroitement lié à l'avant-garde poétique de Prague et
fonde en 1934 le groupe des Surréalistes
de Tchécoslovaquie
De plus, sensible aux événements contemporains, il peint en 1937
deux œuvres sur la guerre d'Espagne. Une première rétrospective de son œuvre
eut lieu à Prague en 1936, puis, à l'exception de deux toiles, Sima cesse
pratiquement de peindre de 1939 à 1949.
En septembre 1939, il est mobilisé. Il sera démobilisé en 1940 et
s’installera à Nice.
C'est en 1950 qu'il renoue à la fois avec la peinture et avec la
nature, reprenant des thèmes anciens — plaines, rochers, forêts
— mais comme épurés par une longue méditation ; les Orphée de
1957, apparitions abstraites toutes baignées de lumière, célèbrent le triomphe
de celle-ci. Au cours des années suivantes, il réalise une série de peintures
présentant dans des espaces abstraits des formes géométriques primaires :
triangles, polyèdres, cercles (Ombres grises, 1960, Valence, musée).
Plusieurs expositions successives à Paris, des rétrospectives d'abord en France
au musée de Reims (1963), ensuite en Tchécoslovaquie (Liberec et Hradec
Kralové, 1964) font peu à peu découvrir son œuvre, dont une vaste rétrospective
eut lieu en 1968 à Prague, Brno, Bratislava, Ostrava et Paris.
Impasse III 1968 |
Entre-temps, Sima, renouant avec son ancien métier, redécouvrait
le vitrail et composait avec Charles Marcq les vitraux du chœur de l'église
Saint-Jacques à Reims.
Tout au long de sa carrière, l'artiste a réalisé de nombreuses
illustrations de livres pour ses amis écrivains, Georges Ribemont-Dessaignes,
Pierre Jean Jouve, Roger Gilbert Lecomte ou René Char (l'Effroi la joie, 1971).
Ses œuvres figurent dans les musées de Paris,Grenoble, Reims, Lyon, Rouen,
Saint-Étienne, Prague, Brno (République Tchèque), Bruxelles, Vienne, Lausanne
et dans de nombreuses collections particulières. Une rétrospective a été
consacrée à l'artiste à Paris en 1992.
Il meurt à Paris le 24 juillet 1971.
La chute d'Icare |
Le muet incendie de mémoire 1968 |
« Stop mais que quand un bruit de verrou
qu’on pousse ou mieux de verrue qui pousse coincée dans l’illusoire Sandwich du
Temps et de l’Espace la dernière image réintègre le
Point-éternel-en-son-propre-intérieur-volant feue Poésie et feue Peinture
désincarnées flamberont dans le mystère nu mais lyrique du FAIT LYRIQUE alors
seul entre tous il n’était pas dépaysé Joseph Sima stop »
Roger Gilbert-Lecomte
A visiter:
Paysage à l'obélisque 1930 |
L'oeuf 1927 |
St Jacques |