Constant Anton Nieuwenhuys est né le
21 juillet 1920 à Amsterdam. Peintre et urbaniste néerlandais plus connu sous
le nom de Constant, nom qu’il
utilisera pour signer ses œuvres. Il
fonda en 1948 avec Guillaume Corneille, Karel Appel et son propre frère Jan
Nieuwenhuys, l’Experimentele Groep in
Holland. Il fit aussi partie du mouvement CoBrA dont il fut le théoricien
en développant un programme en six points :
- Le réalisme, c'est la négation de la réalité
- qui nie le bonheur sur terre nie l'art
- pas de bon tableau sans gros plaisir
- la civilisation admet le beau pour excuser le laid
- le meilleur tableau est celui que la raison ne peut admettre
- l'imagination est le moyen pour connaître la réalité.
“New Babylon”,1969 |
Il entame sa carrière dans une école d'art industriel avant d'intégrer l'Académie des Beaux- Arts d'Amsterdam. Il part ensuite pour Paris où il peint «La Guerre ».Sollicité à ses débuts par Cézanne et Picasso, il est attiré bientôt par les techniques non figuratives. Il découvre l'œuvre de Joan Miró en 1946 à l'occasion d'un voyage à Paris. Au même moment, il rencontre le peintre Asger Jorn. La conjonction de ces deux événements est déterminante. Elle va détacher Constant de l'influence cubiste puis néo-expressionniste, pour l'amener à participer à la grande aventure de Cobra.
Il s'associe avec Corneille et Appel dans un
«experimentele groep» et co-fonde ensuite le groupe Cobra.
Karl Appel, Corneille et Constant avec quelques poètes, se
retrouvent pour expérimenter leurs idées et les publier dans la revue Reflex.
Bien que créé en réaction aux avant-gardes
parisiennes, c'est à Paris, au café Notre-Dame, que Cobra est officiellement
fondé le 8 novembre 1948. Pendant cette période, Constant exécute une peinture
violente, parfois douloureuse, dans laquelle les animaux occupent la situation
de victimes et manifestent un désir effréné de liberté.
Ainsi apparaissent, en 1949, les figures de l'Animal sorcier et du Chien
ou, en 1951, celles de Femme et animal.
La guerre devient ensuite le second thème de prédilection de l'artiste.
Adieu la P. |
Cette aventure ne durera que trois
ans, de 1948 à 1951, mais continue à faire du bruit, aujourd'hui encore. Le
groupe se disloqua en 1951. Constant s'était déjà retiré et vivait à Paris.
Farouchement
opposé à l'art abstrait, Constant appelle en 1949 à « remplir la toile
vierge de Mondrian même si ce n'est qu'avec nos malheurs ». Cela se
traduira dans son œuvre, en 1950-1951, par l'exploration de thèmes guerriers
réveillant les hantises alors refoulées par ses contemporains (Camp de concentration,
1950 ; Huit Fois la guerre,
1950-1951).
Après nous la liberté,1949 |
Il publie en 1953 un manifeste avec Aldo Van Eijck, Pour un colorisme spatial, et, durant quinze ans, il élabore des maquettes et des plans de sa ville idéale.
De 1958 à 1960, il devient membre de
l'Internationale situationiste et
fréquente Guy Debord. Il rompt en 1960 et se lance alors jusqu'en 1974 dans un
vaste projet urbanistique utopique et merveilleux, de cité idéale «New Babylon», où la vie échapperait aux
contraintes des métropoles modernes. Il s'agit d'inventer une ville nouvelle,
comme Piranèse, ville-labyrinthe, ville flottante. L'idée est née de l'étude du
mode de vie des gitans, qui affirment: «Nous sommes le symbole vivant d'un
monde sans frontières, un monde de liberté, sans armes, où chacun peut voyager
sans obstacles de l'Asie centrale à la côte atlantique, des hauts plateaux
d'Afrique du sud aux forêts de Finlande.»
aquarelle |
Projet conçu pour des habitants animés par le goût du jeu et de la fantaisie, débarrassés de l'esclavage des machines et des idéologies consuméristes. Ces projets se matérialisent par une série de maquettes, plans et documents abondant en structures géométriques et labyrinthiques. Sur ces bases, Constant rejoint le groupe situationniste et, en 1958, cosigne avec Guy Debord une déclaration sur l'urbanisme «unitaire». Ses peintures forment alors autant de propositions pour imaginer une cité idéale et visualisent cet urbanisme à venir par un chromatisme très libre d'associations, mais aussi par des formes et des compositions charpentées.
Barricade, 1949 |
Pour Constant, nous serons tous
«Homo Ludens» dans une société sans chefs et sans frontières qui ne serait plus
ni socialiste, ni capitaliste, une structure libre, dans un espace libre, où
l'homme ne serait plus une bête de travail, mais une créature en constant
regroupement et dégroupement, on n'aurait plus besoin de centralisation ni de
maîtres, il faudrait juste s'assurer que les idées passent des uns aux autres.
Cette société ludique serait libérée du travail manuel répétitif, qui serait
confié à des robots qu'on programmerait. On ne s'adonnerait qu'à des activités
qui font plaisir. Cette utopie donnera lieu à des dessins, des plans et des
superbes maquettes qu'on a pu revoir à Kassel en 2002, lors de la dernière Documenta, et qui impressionnèrent
beaucoup les visiteurs. La «New Babylon»
joua un rôle important dans la formation des architectes des années 70.
Chat, 1949 |
A partir des années 70, Constant opère un retour sur la peinture qu’il défendra fermement malgré ses détracteurs, loin du situationnisme et de New Babylon qu'il vient de quitter, encore plus loin du Cobra de sa jeunesse.
Constant zonder titel HGM |
Dans des espaces définis par de grands plans, l'artiste place de petits personnages en taches (La liberté insulte le peuple, 1975). Puis les personnages deviennent plus massifs (Cyrano déclare son amour, 1976) dans des tableaux de couleurs plus sombres. Illustrant des thèmes tragiques (le Procès, 1978) ou bibliques (la Samaritaine, 1984), l'artiste fait se mouvoir, dans de grands espaces, des personnages sombres aux visages presque effacés, parfois teintés de rouge.
Le Gemeentemuseum de La Haye a consacré à
Constant une rétrospective de ses peintures en 1980, le Rheinisches Landesmuseum de Bonn, une grande exposition en 1986, et
le Stedelijk Museum d'Amsterdam, une
rétrospective en 1995-96. Constant est représenté dans les musées hollandais
(Amsterdam, La Haye, Groningue) ainsi qu'à Vienne (musée du XXe siècle).
A l'automne
2001 une rétrospective au musée d'Antibes permettait de ressaisir le parcours
du Hollandais peignant et de mesurer,
par la même occasion, l'écart immense entre l'effervescence, tantôt joyeuse
tantôt révoltée des débuts et la grandiloquence des trumeaux mélodramatiques
des dernières années.
Il est mort à 85 ans, le 1er août 2005 à Utrecht
d’un cancer.
Deux oiseaux |
Femme avec chien,1949 |
J’ai Visité les Ours Blancs,1948 |
La petite échelle,1949 |
L'oiseau blanc 1948 |
Maskierte Ungehorsamkeit |
Opération collective (Situationnisme International) |
Constant. Nueva Babilonia. Entrevista con Laura Stamps from Museo Reina Sofía on Vimeo.
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