Yolande Fièvre est née à Paris le 25 janvier 1907. Jeune voyageuse, elle visite l'Amérique et vivra en Egypte quelques années. Etudiante aux Beaux-Arts de Paris, plus tard professeur aux Beaux-Arts d'Orléans, elle affirmera très tôt sa position d'autodidacte. Jean Paulhan, André Breton, Bernard Requichot, Jean Dubuffet, Raymond Queneau seront ses amis. Sa vie est jalonnée d'étapes précises mais s'interférant l'une l'autre.
Entre 1933 et 1967, elle travaille sur des dessins et peintures automatiques et abandonne définitivement tout aspect académique de la peinture. Elle préfèrera la création libre. Sans cesse à la recherche du temps et du paradis perdus, elle produit une création brute, débarrassée d'un apprentissage voulant à tout prix la dompter et domestiquer ses démons.
Elle se lança dans des recherches passionnées et des expériences passionnantes sur la matière, souvent organique qui donnent un aspect assez étrange à ses reliefs, on se croirait dans un monde fantastique et lunaire. Cela fait autant penser à la maison du Facteur Cheval qu'aux sculptures scriptuaires de Dubuffet. Mais Yolande Fièvre était une artiste singulière à qui l'on doit bien une place à part dans l'histoire du surréalisme.
Ce sont des collages ou plutôt des "assemblages" où les objets sont mis en scène, des boîtes-objets ou des sortes de reliquaires un peu spéciaux. On peut y voir un plan de coupe d’immeubles dont le mur latéral se serait effondré, laissant l’œil découvrir entre les cloisons des êtres informes (difformes ou inaboutis) : leurs têtes sont de galets rongés, leurs corps, de bois flottés, avec parfois un os de mâchoire ou une arête pour compléter le décor.
C’est un univers clos où le moindre détail est imaginé librement, où des personnages surgissent de mondes probables quelque part, là-bas, dans le très lointain infini.
Elle utilise aussi des éponges ou des abrasifs qui mettent en relief de petits tableaux « les captifs oubliés » ou « les gardiens ».
Large est sa palette de créations : on y trouve des soies-fictions, à base de tissus, des oniroscopes, et des vitrines avec des objets peints en bleu.
Large est sa palette de créations : on y trouve des soies-fictions, à base de tissus, des oniroscopes, et des vitrines avec des objets peints en bleu.
Yolande Fièvre renvoie à des artistes méconnus comme dans « Hommage à Bernard Réquichot » ou « rêve pour un jeune mort » 1961. (défenestré le 4 décembre 1961).
Elle fut affiliée aux surréalistes mais elle échappe à toute classification tant son œuvre est singulière.
Yolande Fièvre représente une certaine idée de l'avant- garde dans les années cinquante. Elle fut une pionnière. On l'avait marginalisée depuis sa mort en 1983, et ses suiveurs tenaient injustement le haut de l'affiche.
Extrait de « L’œuf sauvage » - octobre/novembre 1991 par Jean planche
… En Fièvre, où l’on se perd, trois images se superposent : un personnage public, doté d’une spectaculaire carapace offensive ; une personne privée, en précaire équilibre, entre une singe, un mari, des amis et l’homme qu’elle aima ; enfin, une troisième – c’est encore la première – un être dont la création se maintint en communion avec le fond des choses, vivant de son éternité…
… Yolande Fièvre écrivait à Iris Clert, à propos d’une suite d’œuvres qu’elle nomma les Entrailles de la ville : « Je trouve des "cris "qui ont leur grandeur fixés dans la pierre – des sourires aussi … et chose curieuse la plupart de ces pierres sont sonores – c’est comme un chant mystérieux enfermé dans les entrailles de la ville – cet amour que j’ai pour les pierres me sauve de bien des tourmentes – c’est comme une constance qui est en elles qui rend les choses plus légères. »
Yolande Fièvre avait écrit : »Je m’ensauvage, je ne lâcherai pas »
Peinture automatique, huile sur papier |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire