jeudi 18 août 2011

Hélène Smith


Extrait du catalogue « Art spirite, médiumnique, visionnaire, messages d’outre-monde » aux éditions Hoëbeke (exposition de la Halle Saint Pierre du 13 septembre 1999 au 27 février 2000)
« Au mois de décembre 1894, je fus invité par Auguste Lemaître, professeur au collège de Genève, à assister chez lui à quelques séances d’un médium non professionnel et non payé, dont on m’avait vanté de divers côtés les dons extraordinaires et les facultés apparemment supranormales.
… Le médium en question, que j’appellerai Melle Hélène Smith, était une grande et belle personne d’une trentaine d’années, au teint naturel, à la chevelure et aux yeux presque noirs, dont le visage intelligent et ouvert, le regard profond, mais nullement extatique, éveillaient immédiatement la sympathie. Rien de l’aspect émacié ou tragique qu’on prête volontiers aux sibylles antiques, mais un air de santé, de robustesse physique et mentale faisant plaisir à voir et qui n’est point d’ailleurs un fait très rare chez les bons médiums. » (Théodore Flournoy : psychologue suisse il étudie les états de transe d’Hélène et écrit sur le sujet un livre intitulé Des Indes à la planète Mars. Flournoy y affirme que les esprits sont à chercher dans le subconscient du médium.) 
De son vrai nom Catherine-Elise Müller, Hélène Smith est née à Genève en 1861. Enfant rêveuse, émotive et solitaire, elle est sujette à des hallucinations et à des peurs irraisonnées.
A trente ans, suite à la lecture du livre de Léon Denis « Après la mort », elle assiste à des séances de spiritisme au cours desquelles elle présente des qualités médiumniques hors du commun. En état de somnambulisme induit par elle-même, Hélène communique son vécu par la voix de son guide spirituel, qui décrit ses aventures à l’assistance. Cet esprit à pour nom Léopold et se révèle plus tard être Cagliostro. Autoritaire et protecteur, il agit vis à vis du médium comme un directeur de conscience, et (ainsi que l’écrit Flournoy) comme un régisseur caché dans la coulisse et qui surveille le bon déroulement du spectacle. Sous son influence, Hélène se met à développer trois cycles romanesques ou romans somnambuliques, d’une inventivité débridée. Ce sont le roman hindou, le roman royal et le roman martien.
Dans le cycle hindou, Hélène revit une réincarnation où elle est la fille d’un cheik arabe puis, sous le nom de Simandini, l’épouse d’un prince hindou, Sivrouka, Régnant sur le Kanara et qui aurait construit la forteresse de Tchandraguiri. Elle parle le sanscrit.
Paysage ultra-martien
Dans le cycle royal, Hélène est réincarnée sous les traits de Marie-Antoinette, amoureuse de Joseph Balsamo.
Dans le cycle Martien, elle est en communication avec la planète Mars, dont elle décrit les paysages et surtout parle et écrit la langue. Puis elle s’envole vers Ultra-Mars, où l’écriture, d’alphabétique en Mars, devient Idéographie. Suivent ensuite un cycle uranien et plusieurs cycles lunaires.
A partir de 1895, Hélène est suivie régulièrement par le docteur Théodore Flournoy, chez qui elle anime pendant plus de quatre ans des séances de spiritisme qui lui sont entièrement consacrées…
… Mais le ton prudent et sceptique sur la nature de la médiumnité d’Hélène dans l’ouvrage qu’il lui consacra déplut fort à Hélène Smith. Il s’en suivit une brouille entre le médium et son biographe, (Hélène se sentant incomprise).
A trente-cinq ans, en 1896, Hélène Smith commence à peindre ses hallucinations : des paysages, des architectures, des personnages et des animaux de la planète Mars, dans un style figuratif, d’allure à la fois gauche et géométrisante.
En 1900, elle reçoit de l’argent d’une riche Américaine amatrice de spiritisme et obtient ainsi l’indépendance et la sécurité matérielle. Elle abandonne alors son métier d’employée de commerce, qu’elle exerçait depuis vingt ans, et se rend aux spirites qui affluent chez elle depuis le livre de Flournoy.
A partir de 1901, après avoir essayé d’apprendre l’anglais, puisque sa bienfaitrice était américaine, elle prend des cours de peinture. Suivent à partir de 1904, des dessins et des tableaux religieux assez naïfs, sans beaucoup d’originalité, notamment des portraits du Christ et de la Vierge. Elle les exécute en dormant, par courtes siestes d’un quart d’heure, au moyen de pinceaux et d’une spatule en fer qu’elle remplace progressivement par l’auriculaire.
Il ne s’agit point là de délire mystique, Hélène attachant de l’importance au phénomène même de ses somnambulismes et non à une éventuelle réalité de leur contenu…
Catherine-Élise Müller dite Hélène Smith est morte le 10 juin 1929 à Genève.
Pour les historiens d'aujourd'hui, l'aventure d'Hélène Smith constitue un témoignage extrêmement précieux sur la constitution, autour de 1900, d'une science hors des sillons freudiens, laquelle, penchée sur le sublime des profondeurs du subconscient, pourrait s'intituler « subliminologie »
Les surréalistes qui s’intéressent beaucoup aux choses du domaine mystique et psychologiques prennent alors le pseudonyme “Hélène Smith” pour une de leurs cartes de jeu. Celle-ci fait partie des cartes “serrures” qui représentent la connaissance. Elle est la “sirène” soit la “reine”. On peut alors insinuer que cette carte représente une sorte de déesse de la connaissance « surnaturelle ».
A visiter :
 http://theadamantine.free.fr/smith1.html
http://jeucartesurrealiste.over-blog.com/article-helene-smith-figure-du-jeu-68201819.html

Intérieur ultra-martien, dessin d'Hélène Smith 


Premier texte en martien (séance du 22 août 1897)
Cette langue, qu'Hélène Smith (1861-1929), dénommait "martienne", va de gauche à droite, comporte 21 signes et n'a ni accent, ni ponctuation. Les lettres placées au début d'un nom propre se voit attribuer un point au dessus, tandis que les consommes doubles ont un point simple, à droite.



2 commentaires:

  1. Votre présentation est fort intéressante.
    Est-ce que l'image Helene1.jpg est de Hélène Smith ?
    Je souhaite la reproduire.
    Merci

    pierre.berloquin@gmail.com

    RépondreSupprimer